Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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LA NOBLESSE FRANÇAISE A SAINT-DOMINGUE

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des gueux. Mais j'arrêterai tous ces brigandages, en embarquant pour France le maistre et les valets, piés et mains liés 1 ». Répondant enfin aux représentations très vives faites, le 2 août 1735, aux officiers de l'étatmajor par le Roi, et qui lui ont été transmises, M. Buttet, major au Fort-Dauphin, proteste énergiquement auprès du ministre « contre l'autorité qu'on veut retirer au militaire pour la donner à des gens de justice et de finance, sangsues publiques, détenteurs des deniers du Roy, à un tas d'avocats, de solliciteurs et d'huissiers ». « On connaîtra bientôt, mais trop tard, ajoute-t-il, le défaut de la manœuvre qu'on veut faire en dépouillant le corps militaire de tout pouvoir dans la colonie pour en revêtir les seuls ennemis du Roy, je veux dire messieurs les magistrats2. » D'ailleurs, tous ces officiers ne se bornent point aux paroles, mais opposant une résistance acharnée à tant de sourdes menées, ils défendent si énergiquement leurs privilèges et leur situation que vers 1750 encore, nous l'avons vu, ces privilèges ne sont point trop entamés ni cette situai ion trop compromise. A cette époque toutefois, les patientes menées des intendants sont déjà bien près de triompher. Première victoire significative, ils parviennent, en 1753, à faire dépouiller les officiers-majors des troupes et des quartiers d'une partie de leurs attributions militaires et, par là même, de leur autorité, par la création, qu'ils 1. Lettre de M. Dumesnil, procureur du Roi, au Port-au-Prince, 22 février 1755 (Ibid., vol. XGVIII). Lettre de M. Louis-Marin Buttet, major au Fort-Dauphin, 10 avril 6 (Ibid., vol. XLV).

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