Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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LA NOBLESSE FRANÇAISE

A SAINT-DOMINGUE

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neurs à Saint-Domingue que comme rois de théâtre 1 ». Contre ces menées, ces empiétements, ces manœuvres, nos gentilshommes, je dois le dire, se défendent bien, bien mieux peut-être que ne l'avaient fait leurs ancêtres en de pareilles circonstances. Ils voient clairement d'abord à quoi veut en venir le pouvoir civil. « Autrefois, écrit M. de Fayet, dès 4 736, tout le détail do l'île regardoit les gouverneurs, et insensiblement MM. les intendans s'attribueront tout2 ; » et en 1750 encore, M. de Conflans ne craint pas de dire que « toutes les affaires doivent se traiter militairement dans la colonie 3 ». Il faut voir d'ailleurs avec quel dédain gouverneurs et officiers traitent les intendants : M. de la Rochalar, désignant dans sa correspondance officielle elle-même l'intendant Montholon sous le nom méprisant de « l'écrivain4 », et jurant que, si un intendant s'avisait de faire une information secrète sur son compte, « comme M. Mithon l'a fait sur le compte de M. de Choiseul », il le ferait mettre au cachot3 ; M. de Fayet, déclarant « qu'il estoit estonnant que les officiers vissent un intendant à moins que ce ne fust pour manger, quand ils n'en avoient pas ailleurs6 », « que toutes les lettres et instructions de ces messieurs estoient des styles de 1. Lettre du marquis de Fayet, du Petit-Goave, 25 juillet 1737 (Ibid., vol.XLVI). 2. Lettre du même, 12 juin 1736 (Ibid., vol. XLIII). 3. Lettre de M. de Conflans, gouverneur, à M. de Vaudreuil, 9 juillet 1750 (Ibid., vol. LXXXIII). i. Lettre de M. de la Rochalar, du 15 mai 1726 (Ibid,, vol. XXVI). 5. Lettre de M. de Montholon, du Petit-Goave, 10 janvier 1725 (Ibid.. vol. XXV). 6. Lettre de M. de la Chapelle, intendant, du 28 juillet 1737 (Ibid., vol. XLVI).


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