Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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ORIGINES

DE

LA

COLONISATION

ET PREMIERS

COLONS

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Bientôt après arrivent heureusement des capucins, des jacobins, des jésuites, qui ont meilleure tenue, en général. Ce sont pourtant mœurs spéciales que celle de ce religieux qui vole ses bestiaux à un confrère et le roue de coups, chante une grand messe « en l'honneur des forbans flibustiers1 », et manœuvres bien peu édifiantes que celles de cet autre qui baptise jusqu'à sept ou huit fois les mêmes nègres, « au moyen d'une légère rétribution qu'il en retire et que ces esclaves payent volontiers parce qu'ils font de ce sacrement un amusement 2. » Mais si l'attitude des représentants de l'Église.n'est pas faite pour en imposer beaucoup aux colons, que dire de celle des juges ? Le Conseil supérieur du Petit-Goave, créé en 16853, et le Conseil supérieur du Cap, constitué en 1701 4, sont les tribunaux d'appel desquels relèvent les justices royales des principaux quartiers 5. Il y a donc assez tôt à Saint-Domingue une hiérarchie judiciaire tout à fait imposante en principe, i. Lettre de M. de Galliffet, du 21 août 1701 (Ibid., vol. V).

2. Lettre de M. de Laporte-Lalanne, intendant, de Léogane, 19 avril 1751 [Ibid., vol. LXXXVII). 3. Ce conseil, créé en août 1685 au Petit-Goave (Moreau de SaintMéry, Lois et constitutions..., t. I, p. 428-430), fut transféré en août 1697 à Léogane (Ibid., p. 571), puis rétabli au Petit-Goave, de nouveau transféré à Léogane en 1713 (Ibid., t. II, p. 401-402), réinstallé au Petit-Goave en 1723 (Ibid., t. III, p. 45), fixé enfin à Léogane, le 12 janvier 1738 (Ibid., t. III, p. 491-492) ; il devint, en 1749, conseil du Port-au-Prince (Moreau de Saint-Méry, Op. cit., t. III, p. 891). 4. Edit de création d'un Conseil supérieur au Cap, juin 1701 (Moreau Saint-Méry, Op. cit., t. I, p. 666-668). 5. L édit de 1685, portant établissement d'un Conseil souverain, avait le d en même temps quatre sièges royaux : le premier au Petit-Goave, deuxième à Léogane, le troisième au Port-de-Paix, le quatrième au (Moreau de Saint-Méry, Op. cit., t. I, p. 428-430). Le nombre de ces siéges augmenta naturellement dans la suite. e

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