Vieux papiers du temps des isles. Deuxième série

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CORNELIS VAN AERSSEN VAN SOMMELSDIJCK

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exigèrent le renvoi immédiat de la colonie des « trois prêtres papistes ». Cornelis van Sommelsdijck ne craignait point, à l'instar de Guillaume le Taciturne, la plaisanterie macabre. Au reçu de l'ordre de ces « Messieurs d'Amsterdam » il fit expédier en Hollande les trois papistes ; mais comme ces trois derniers avaient succombé depuis quelques mois aux rigueurs du climat, ce fut trois cercueils que les directeurs virent arriver ! Le geste du gouverneur fut compris et on se contenta de renvoyer les ossements à Surinam sans demander d'autres explications. Mais Cornelis voulut crever l'abcès de la cabale. Un beau matin, les tambours parcoururent les rues de Paramaribo annonçant que le gouverneur recevrait devant le tribunal toutes les réclamations que l'on pouvait faire contre son administration; que, pour quelques heures, le gouverneur se démettrait de ses fonctions, attendant en simple citoyen d'être cité en justice. Trois fois les tambours battirent aux carrefours, personne n'osa relever le défi. La cabale était vaincue. Les travaux de fortifications entrepris par van Sommelsdijck étaient très pénibles, et les troupes régulières murmuraient sans cesse à ce sujet. Innovateur, le gouverneur pensa à faire appel à la main-d'œuvre pénale. Il obtint de la Hollande l'envoi de condamnés, mais commit la faute de verser ceux-ci, à leur arrivée dans la colonie, dans les contingents militaires. L'armée fut rapidement corrompue et entra en lutte ouverte avec le gouverneur.

Un matin de juillet 1688, alors que Cornelis van


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