Vieux papiers du temps des isles. Deuxième série

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VIEUX PAPIERS DU TEMPS DES ISLES

voyageur décrit le pays bambarra comme étant fertile et ne cache pas que « les cantons cultivés par les Foulbé sont, en général, les plus productifs ». De Ségou, Bou Beker prend la route de Tombouctou.. Il aurait pu, nous dit-il, s'embarquer à bord de quelques pirogues, mais il préféra, pour donner à son voyage le maximum d'effets religieux, s'y rendre « par terre ». C'était une course pédestre de vingt-sept jours que couvrit allègrement notre pèlerin. Sur Tombouctou même le marabout soudanais ne nous donne que peu de détails. « Cette ville est située au nord-est de Segou à peu de distance de « Caïloum », branche du Djaliba. Les Maures forment la majeure partie de la population ; les Tujariks (les touareg) sont aussi très nombreux et disputent continuellement le pouvoir aux Maures ». Notre marabout chercha à traverser le pays désertique que parcourent les « Tujariks » ; mais s'engager ainsi vers le Nord était bien dangereux, même pour un marabout soudanais ; c'était pourtant le seul itinéraire qui lui eût permis d'arriver dans le Fezzan où il aurait pu attendre la « caravane pieuse de Barbarie » et se rendre avec elle en Egypte. On déconseilla au voyageur de s'élancer vers les solitudes sahariennes, étant donné « le peu de charité des touareg et la pauvreté de leur pays ». Que faire alors sinon que de rebrousser chemin et de modifier son itinéraire de façon à passer du bassin du Niger vers celui du Nil en traversant l'Oudaï et le Darfour? Bou Beker revint donc à Djenné puis, « marchant vers le soleil levant », parvint au bout d'un mois « à la ville de Haoussa ». « Il fit la première partie de cette route dans un canot sur le Djaliba et le reste à pied à travers les royaumes de Kabi et de Noufi. » « Cette contrée, dit-il, n'était habitée autrefois que


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