Vieux papiers du temps des isles. Deuxième série

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LE PÈLERINAGE D'UN MARABOUT

SOUDANAIS

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gées. » Peut-être que la traduction de l'interprète Rouzée a été mise entre les mains des « précurseurs » qui pénétrèrent après 1820 dans le Centre africain. Le pèlerin partit en 1816 de la ville de « Seno-Patel » située dans le Fouta-Djalon, et se rendit tout d'abord à la grande ville de Tjilogu, « capitale du FoutaToro ». C'est là que Bou Beker vit l'almany du Fouta qui le « bénit », ce qui porte à croire que les pèlerins étaient peu nombreux et que leur voyage revêtait un peu l'allure de quelque entreprise fantastique. Quittant le Fouta notre voyageur pénétra dans « le royaume de Caguaga, habité par les Sarrakols » et s'arrêta quelques semaines à Djaujar qui était, selon le récit, une « des principales villes de ce pays. » Reprenant son bâton de pèlerin, le marabout traversa ensuite le « royaume de Kassé » et parvint à Djenné, « grande ville au nord-est de Djanjar, capitale du pays de Bagona ». Il y avait trois mois que Bou Beker avait quitté les montagnes bleues du Fouta-Djalon. Le marabout donne sur Djenné quelques précisions : « Cette cité appartenait autrefois au roi du Karta ; mais, actuellement, elle obéit aux Maures et sa population se compose en grande partie de marchands de cette nation ; c'est un centre commercial très important, on y porte beaucoup de sel de Fichit près de laquelle il y â des salines considérables. » Après un repos pris à Djenné le pèlerin gagna Segou, étape longue et pénible, car il lui fallut, déclara-t-il à Rouzée, traverser une contrée couverte de forêts, peu peuplée et remplie de fauves ; et pendant plus d'un mois Bou Beker dut s'armer de courage et d'énergie ; enfin il atteignait la capitale du Bambarra qui selon sa description « est à cheval sur les deux rives du Djaliba », le Niger. Le


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