Vieux papiers du temps des isles. Deuxième série

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VIEUX PAPIERS DU TEMPS

DES ISLES

des paysannes dans quelques pays ; elles ont ensuite une très belle étoffe de soie attachée au bas de la taille et nouée par devant par un gros nœud ; cela bride par derrière et s'ouvre par devant. En marchant elles sont sans cesse occupées à la refermer. Les esclaves sont mises comme leurs maîtresses mais en étoffes moins belles. La femme du dey avait un grand bonnet en forme de pain de sucre d'une hauteur énorme, il m'a paru en filigranes d'or, sur le front de larges bandelettes sur lesquelles étaient des diamants et des perles. Les deux deux jeunes femmes n'avaient que des toquets mais aussi couverts de perles et de diamants. La femme du dey présenta ses filles, je nommai les miennes, elle me demanda par signes fort expressifs si les deux jeunes dames avaient des enfants ; je leur fis signe que non ; et celles-ci me montrant les jeunes personnes, je fis comprendre qu'elles n'étaient pas encore mariées, ce qui parut leur inspirer une grande compassion. Nous demandâmes ce que c'était qu'une foule de femmes blanches et noires qui se groupaient dans la chambre à côté, ce qui formait un tableau très curieux. L'aga fit un signe que ce n'était rien et ne méritait pas qu'on y prît garde ; toute cette malheureuse troupe n'était donc que des esclaves. Nous demandâmes la permission de nous promener dans toutes les chambres ; toutes étaient pleines de femmes couchées sur des tapis ou groupées dans les coins pour nous voir passer. Des caisses de toute taille et de toute espèce obstruaient le passage mais ajoutaient à la singularité du tableau. Un peintre aurait payé cher une pareille visite, j'en suis sûre. » Pendant que madame de la Ferronnays parcourait le harem, Hussein fixait avec M. de Lapasse les conditions de son exil. Au cours de cette conversation il ne


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