Vieux papiers du temps des isles. Deuxième série

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LE

DEY EN EXIL

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Lettré et le dey convinrent de présenter leurs devoirs à l'ambassadeur de France le 3 août. Madame de la Ferronnays raconte dans une lettre, que le hasard nous a fait retrouver, cette visite et la réception que leur offrit quelques jours après Hussein pacha : Naples, le 4 août 1830

«( Depuis longtemps on n'a pas vu un aussi beau fait d'armes, suivi d'un résultat aussi complet. Alger détruit, la piraterie abolie pour toujours ainsi que les honteux tributs que les puissances européennes se croyaient obligées de payer aux Algériens. Toute l'Italie est ivre de joie et exalte la valeur française d'une manière à rendre bien fiers les Français témoins de cet enthousiasme. Mais, imaginez la drôle de chose, c'est moi qui suis destinée à vous conter le dernier acte de ce drame. « Lorsque je lisais dans votre lettre la description que vous me faites du dey, je venais à l'instant même de le voir de mes yeux. Vous savez sans doute déjà qu'usant du droit qu'il a obtenu de se retirer où il voudra, il a demandé à venir à Naples. Il y a quelques jours, une frégate portant pavillon blanc parut tout à coup dans la rade. Grand étonnement et grande curiosité de ce que pouvait faire ici un bâtiment français. On le supposa chargé de quelque mission. Au bout de quelques heures, on sut que c'était la frégate La Jeanne d'Arc, commandée par M. Lettré, qui amenait le dey d'Alger et toute sa suite, composée, entre autres personnes, de cinquante-huit femmes. Ce dey venait demander asile au roi de Naples. Le lendemain nous prîmes un bateau ; nous allâmes dans la rade, nous approchâmes de la frégate à portée de la voix, mais nous eûmes bien soin de ne toucher à


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