Vieux papiers du temps des isles. Deuxième série

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CORSAIRES SANS-CULOTTES

aux Anglais des îles Saint-Martin, Saint-Eustache, Sainte-Lucie, la Trinidad et Saint-Vincent. C'était le Surcouf des Antilles et on le connaissait dans toute la mer des Caraïbes sous le surnom de capitaine Moëde. C'est à la suite d'un singulier combat qu'Antoine Fuët avait gagné ce titre. En mars 1795, Antoine Fuët avait armé une goélette, la Thérèse, pour croiser vers la Terre Ferme, c'est-à-dire les lieux classiques de la flibuste, au delà de Cuba. Le hasard lui avait permis de s'emparer d'un brick portant un chargement de monnaies d'or de modèles anciens que l'on expédiait en Espagne pour la refonte, pièces démonétisées et connues sous le nom de moëdes. Prise exceptionnelle et qui allait singulièrement renflouer le Trésor de la République à la Guadeloupe, trésor assez atteint d'une dure impécunité. Le capitaine Antoine Fuët courait sur l'Est avec toute sa voilure, la Thérèse cinglait donc sans chercher d'autres proies sur la mer océane vers la Pointe-à-Pitre. Les vents étaient favorables et les voiles gonflées à souhait. Sur les dix heures la vigie annonça du haut de son tonnelet perché à la place réglementaire qu'elle voyait à bâbord un vaisseau marchant vers la route de la Thérèse. Le capitaine Antoine Fuët tenant, en raison de la nature de sa cargaison à ne faire aucune rencontre, ordonna de « serrer le vent » et sous l'appel de son grand foc, la goélette, appuyant sur tribord, tentait de s'éloigner de la vue du bâtiment signalé. Mais celui-ci augmentait sa voilure et se rapprochait, gagnant de vitesse le petit vaisseau français. Jusqu'à deux heures la poursuite se continua, mais le brick ne cessait de se rapprocher. La Thérèse, penchée sur tribord, ayant mis toutes ses voiles, petits huniers et brigantines compris, se hâtait, son étrave faisait sau7


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