Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

Il crut utile encore d'envoyer en mission à Londres son secrétaire l'italien Molini1 et désigna Pedro Gual2, l'un des avocats les plus distingués du Vénézuéla, pour aller aux Etats-Unis demander également des secours. Salias s'en fut activer les démarches de Delpech aux Antilles françaises et le grenadin Salazàr reçut l'ordre de se mettre en route pour Santa-Fé et d'y solliciter du gouvernement indépendant un envoi de renforts. Toute l'activité de Miranda paraissait absorbée par la préparation de ces diverses missions. Le généralissime semblait près de partager l'opinion de Miguel José Sanz3 qui lui écrivait alors de Caracas : « Que ne négocions-nous avec le Grand Turc en personne plutôt que de retomber dans les fers ?...4 », et se refusait à tirer parti des éléments dont il disposait. Les quatre mille hommes qui, derrière leurs retranchements, se rebutaient à de trop savants exercices, les officiers qui s'énervaient privés d'initiative, auraient pu rendre pourtant de précieux services à la patrie. Ils en donnaient la preuve éclatante peu de jours plus tard, lors de l'attaque que Monteverde tenta sur Guaïca, le 12 juin et surtout au cours des combats acharnés qui se livrèrent le 20 et le 29, aux approches et dans les rues de La Victoria. 1. Miranda au secrétaire d'État au Foreign Office. Quartier général de Maracaï, le 2 juin 1811. R. 0. F. 0. Spain, 171. 2. Né à Caracas le 31 janvier 1784, mort à Guayaquil le 6 mai 1862. — A son retour des États-Unis il ne put demeurer que peu de temps à Carthagène et au Vénézuéla. La restauration espagnole l'obligea à émigrer aux Antilles, puis à Washington où il exerça sa profession d'avocat. Il fut ensuite député au Congrès de Cûcuta puis ministre des relations extérieures et délégué au Congrès de Panama en 1826. Il vint quelque temps après à Guayaquil où il fut arrêté et emprisonné. Il s'évada et résida à Bogotâ jusqu'en 1837. Envoyé à cette époque par le gouvernement équatorien en Europe, il y négocia la reconnaissance de cette république. Il habita derechef Bogotâ de 1838 à 1848, puis vint à Caracas où il fut élu président du gouvernement provisoire vénézuélien le 15 mars 1858. Il remplit ensuite les fonctions de président du conseil d'État et de vice-président de la république. 3. Né à Valencia en 1754. Membre du Congrès de 1811 et rédacteur avec Ustaritz de la Constitution de 1813. Il prit part aux dernières campagnes de 1824 au Vénézuéla et fut tué à la bataille d'Urica, le 5 avril de cette année. 4. Lettre à Miranda du 14 juin 1811 dans ROJAS, El General Miranda, op. cit., Documents : p. 275.


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