Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

Mais lorsque ces derniers furent prêts à se mettre en route, vers la seconde semaine de mai, il reçurent comme seule instruction d'obtenir du gouvernement fédéral l'autorisation de procéder à des achats de munitions et d'armes. L'heure des grandes ambitions était passée et l'absence si notoire d'unanimité dans les sentiments des populations vénézuéliennes reléguait à l'arrière-plan toute autre préoccupation qui ne fût celle de s'assurer, par la force, l'adhésion des provinces réfractaires. Or, il n'existait au Vénézuéla aucun élément sérieux d'organisation militaire : les concours étrangers étaient indispensables et la Junte ne tardait pas à décider d'envoyer également des émissaires aux Antilles anglaises : Vicente Salias et Mariano Montilla furent chargés d'aller solliciter les autorités de la Jamaïque et de Curaçao. Les Proceres n'avaient, au reste, pas manqué de notifier officiellement l'avènement de la Junte aux gouverneurs britanniques, et ceux-ci leur adressaient tout aussitôt les plus insinuantes félicitations. « La manière dont vous venez d'assumer le gouvernement des provinces du Vénézuéla, mandait le brigadier général Layard, gouverneur de Curaçao, à « Son Altesse » la Junte1, doit être et sera certainement un sujet d'admiration pour les âges à venir Votre Altesse a bien voulu me donner l'assurance que l'Amérique espagnole, quel que soit le destin de la métropole, doit demeurer l'amie fidèle et l'intime alliée de la Grande-Bretagne. Ces sentiments me touchent infiniment, ainsi que l'intention manifestée par Votre Altesse de s'unir à Sa Majesté Britannique par des liens plus étroits et de réserver aux sujets anglais de plus grands avantages commerciaux dès que les circonstances permettront à Votre Altesse d'examiner mieux à loisir une aussi importante question. Que Votre Altesse me permette, en attendant, de lui promettre ma collaboration la plus cordiale à ce sujet. » Le général Layard informait encore la Junte qu'il réclamait à Londres l'autorisation d'ac1. Palais de Curaçao, 14 mai 1810. W. 0. 1/103, N° 13.


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