Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

passables combattants. Mais il était plus aisé d'exalter en eux l'enthousiasme que l'obéissance. Mal vêtus, mal nourris, plus mal payés encore, il étaient toujours prêts à déserter au moindre prétexte. L'esprit de ces troupes, pour peu que le hasard ou l'habileté de leurs chefs sût les retenir un temps sous les drapeaux, promettait cependant d'excellents espoirs. Elles s'assimilaient vite les vertus militaires les plus élevées : naturellement vaillantes, l'opiniâtreté, l'endurance, enfin le patriotisme, leur pouvaient venir et leur vinrent aussi bien, par le seul effet de la durée et des nécessités de la guerre. Il en faut dire autant du corps des officiers. Nés gentilshommes, issus des carrières libérales, anciens cadets ou gradés dans les milices, leur qualité commune est l'entrain hardi de la jeunesse et le courage. A l'exception de Mariano Montilla, âgé alors de vingt-huit ans, et de Manuel Cortés Campomanesn'en comptant guère beaucoup plus de trente, qui l'un et l'autre avaient fait, dans les instituts militaires et sur les champs de bataille d'Europe, leur apprentissage guerrier, aucun des officiers créoles ne possédait de connaissances techniques. Parmi ceux qui, durant les mois précédents, avaient pris part à la campagne, José Félix Rivas, Juan Escalona, Domingo Meza, se signalaient déjà cependant par le sang-froid, l'habileté, la maîtrise stratégique dont ils allaient fournir plus tard d'épiques témoignages. Gomme eux, le jeune et chevaleresque sous-lieutenant Antonio José de Sùcre, né en 1793, à Cumana, d'une ancienne famille d'origine flamande et que nous verrons atteindre aux destinées les plus hautes et les plus pures, s'y préparait à l'école des combats. 1. CAMPOMANES (Manuel-Andrés-Cortés), né en Espagne vers 1770. Officier dans l'armée royale, il faisait partie des troupes espagnoles mises en 1807 sous le commandement de Bernadotte ; il se distingua au siège de Stralsund. Venu en 1810 au Vénézuéla, Campomanes s'engagea dans l'armée républicaine. En 1813 il rejoignit Narino en NouvelleGrenade et fut son premier aide de camp dans la campagne du Sud. Il fut au siège de Carthagène en 1815, se réfugia ensuite à la Jamaïque d'où il revint, avec Bolivar, combattre au Vénézuéla. 11 prit part aux combats de Quebrada Honda, Alacrân, San Félix, etc.


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