Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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d'une « Confédération Générale du Sud-Amérique » hantait à Caracas ses disciples plus immédiats, auxquels un précieux encouragement encore était advenu à la veille de la Révolution. Dès le mois de juillet 1809, le gouvernement des États-Unis avait donné à entendre un peu partout en Amérique, aux créoles influents, qu'il était disposé, si leurs pays respectifs, après avoir proclamé leur indépendance, envoyaient des délégués au Congrès fédéral, à les y accueillir fraternellement et à examiner, d'accord avec eux, l'éventualité d'une « confédération panaméricaine 1 ». Ces ouvertures, mieux que désintéressées en apparence, ne furent pas étrangères, semble-t-il, à la rédaction du manifeste du 27 avril 2 par lequel la Junte, en même temps qu'elle invitait les cabildos à s'ériger, à son exemple, en gouvernements autonomes, leur suggérait aussi de prêter leur concours au grand ouvrage de la confédération de l'Amérique espagnole. « Notre cause est la même, ajoutait le manifeste, notre devise doit l'être encore : fidélité au monarque malheureux, guerre au tyran qui l'opprime, fraternité et constance. » Le patriote chilien Martine/ de Rosas répondit à cet appel en essayant de faire discuter par ses collègues de la Junte de Santiago, dans la séance du 26 novembre 1810, la « possibilité d'une union de toute l'Amérique par le moyen d'un Congrès général ». Mais cette tentative ne reçut aucune suite, et le « traité d'amitié, union et alliance fédérative », signé l'année suivante, le 28 mai 1811, à Santa-Fé, par le chanoine Madariaga au nom du Vénézuéla et le président Lozano pour la NouvelleGrenade, devait être la conséquence, d'ailleurs unique et précaire, de ces trop larges visées politiques. En attendant toutefois d'être obligés d'y renoncer ainsi, les Proceres de Caracas avaient, dans le premier moment d'enthousiasme, résolu l'envoi d'une mission diplomatique à Washington et choisi comme ambassadeurs Juan Vicente Bolivar et Telésforo de Oréa. 1. V. GIL FORTOUL, 2. V.

suprà,

§ 3.

op. cil., p.

128.


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