Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

ture armée de la Junte, étaient prêts à entrer en campagne. Autant que le lui permettaient les moyens d'action plus restreints dont elle pouvait disposer, la Junte de Caracas recourait à des mesures semblables. Elle s'était constituée définitivement le 25 avril, ayant à sa tête les alcades Llamosas et Martin Tovar Ponte. Presque tous les anciens regidores furent appelés à siéger au conseil de la Junte qui créa quatre secrétaireries d'Etat avec Fernando Key Munoz à l'intérieur, Nicolas Anzola au département de grâce et justice, Lino de Clemente à celui de la guerre et Juan German lîoscio aux relations extérieures. Leur premier soin fut de nommer les délégués chargés de rallier les capitales de province. Le marquis del Toro et son frère obtinrent facilement que Valencia se prononçât pour la Révolution. Barcelona, Cumana, l'île de la Marguerite, Barillas suivirent cet exemple du 27 avril au 1er mai. Coro et Maracaïbo s'y refusèrent. Pour réduire cette opposition, qui s'annonça tout de suite avec un caractère de violence insoupçonnée, Caracas n'allait avoir d'autre ressource que de procéder, comme l'avait fait Buenos-Ayres, à une levée de volontaires. La Junte s'y résolut quelques mois plus tard, lorsqu'à l'instigation de leurs gouverneurs D. Fernando Miyâres 1 et D. José Ceballos2, les cabildos de Maracaïbo et Coro eurent fait emprisonner et maltraiter ses délégués. Mais, outre les difficultés de recrutement et d'organisation d'un corps expéditionnaire, beaucoup plus malaisées à surmonter dans la capitale vénézuélienne que dans celle de la Plata, la perspective d'une guerre civile inévitable portait un coup fatal à la plus belle arrière-pensée des patriotes de Caracas. Ce n'étaient pas seulement, en effet, les bases d'une patrie locale qu'ils croyaient pouvoir s'enorgueillir d'avoir posées, mais celle de la grande patrie américaine elle-même. La conception familière à Miranda 1. Nommé capitaine général de Caracas en 1810. 2. CEBALLOS Y Moxo (José) fut gouverneur et capitaine général du Vénézué de 1815 àl820.


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