Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LA PREMIÈRE RÉPUBLIQUE DU VÉNÉZUÉLA

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et si rois ou peuples y trouvent à redire nous saurons la défendre. » Miranda se rallie à la déclaration de Ramirez. Mais le président lève la séance et renvoie la suite des débats au lendemain. Cette suspension avait été en réalité secrètement provoquée par les Proceres. Les sentiments de l'assemblée leur paraissaient trop confus encore. A l'exemple des Girondins de la Convention, ils voulaient donner à la déclaration de leur indépendance « la solennité du plus grand acte organique qu'une nation pût accomplir »1. Il fallait s'assurer pour cela de l'unanimité du vote. Le comité révolutionnaire redoubla d'insistance et d'opiniâtreté. La réunion de la Société Patriotique, le 3 juillet au soir, n'avait jamais été plus nombreuse. On y discuta fiévreusement toute la nuit. Miranda, Bolivar, Espejo, Pefia, infatigables, électrisèrent leurs auditeurs : « Le Congrès délibère sur ce qui devrait être résolu depuis longtemps, s'écria Bolivar On s'y préoccupe des intentions de l'Espagne ! Que nous importe qu'elle veuille conserver des esclaves ou les vendre à Bonaparte, puisqu'il est bien entendu que nous voulons être libres. On assure que les grands projets doivent être longuement préparés. N'est-ce point assez de trois cents ans de réflexions ? La Société Patriotique respecte comme elle le doit le Congrès national, mais il doit nous entendre. Posons sans crainte les fondements de l'indépendance sud-américaine. Tergiverser encore c'est nous perdre2 ! » Les vivats frénétiques du peuple, les applaudissements des députés presque tous présents dans l'assistance, semblèrent d'un radieux augure aux Proceres. Avant que le lever du jour ne mît fin à la délibération suprême des patriotes, on convint, sur la proposition de Bolivar, qu'une commission présidée par Miguel Pena porterait au Congrès l'expression des vœux de la Société « en tant que représentante de l'opinion unanime de la nation ». Pefia se rendit directement à l'assemblée et, dès 1. V. LAMARTINE, Histoire des Girondins. Livre XXIX, ch. IX. 2. D., III, 568.


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