Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

traînerait. Il pourrait être, au demeurant, un puissant moyen de propagande et d'action sur l'opinion publique. Telles furent les visées qui présidèrent à l'institution et au fonctionnement de la Société Patriotique de Caracas. Cette société existait en fait depuis plusieurs mois. Sa création avait fait partie des premières mesures décrétées par la Junte et qui répondaient à ses préoccupations humanitaires et progressistes. Elle était destinée en principe « à grouper les agriculteurs afin de les encourager au développement de toutes les branches de l'industrie rurale compatibles avec la diversité des climats vénézuéliens » 1. Miranda convainquit aisément les patriotes formant la majorité de la réunion, qu'il leur appartenait de discuter des questions plus pressantes que les questions économiques : « C'est, leur disait-il. de votre existence même qu'il s'agit avant tout. Avisez à l'assurer d'abord, vous pourvoirez ensuite au reste. » Dès le commencement de 1811 la Société Patriotique devenait une véritable université révolutionnaire en même temps qu'une sorte de conspiration permanente et publique. Dans tout le Vénézuéla cependant on procédait aux opérations électorales. La fin de février approchait et, depuis deux mois, les députés auraient dû se trouver réunis à Caracas. Mais l'éloignement des circonscriptions, les difficultés et les lenteurs du vote n'avaient encore permis qu'à 30 députés sur les 44 que devait compter le Congrès, de répondre à l'appel de la Junte. Le temps toutefois pressait, les Proceres se montraient impatients, et bien que le quorum légal ne dût pas être atteint, la date d'ouverture des travaux de l'assemblée fut définitivement arrêtée au 2 mars 1811. Élus par les provinces qui s'étaient prononcées pour la Junte ou qui, du moins, étaient acquises à la Révolution, les membres présents du Congrès, aussi bien que ceux dont on espérait l'arrivée prochaine, appartenaient presque tous au parti libéral. Ils n'avaient pas manqué L. Décret du 14 août 1810. D. II, 489.


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