Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

Proceres, à la rentrée de Miranda. Le gouvernement de Caracas continuait d'agir « au nom et pour la défense des droits de Ferdinand VII » et c'était y porter gravement atteinte que d'appeler au Vénézuéla l'adversaire le plus acharné du roi d'Espagne, l'éternel conspirateur, le contumace enfin dont le cabildo luimême, constitué aujourd'hui en Junte gouvernante, avait, quatre ans plus tôt, confirmé la condamnation à la peine capitale. L'expédition dirigée contre les provinces d'occident pouvait être après tout considérée comme une mesure d'ordre intérieur et ne semblait pas retirer aux partisans encore nombreux d'une transaction avec la métropole, tout espoir d'accommodement. Mais le fait d'accueillir ouvertement Miranda, coupait toute retraite aux patriotes. C'était, aussi bien, à quoi prétendaient les amener les Proceres. Bolivar, Tovar Ponte, Roscio et le groupe des « irréductibles » s'y employèrent avec l'énergie, la subtilité et l'audace dont ils s'étaient fait un système auprès de leurs compagnons effarés. Le 12 décembre, le texte 1 d'une « Adresse au général Miranda » était accepté à l'unanimité par les membres de la Junte et placardé sur les murs de la ville : « Les aspects sous lesquels va vous apparaître votre patrie se sont fort modifiés. L'ancienne tyrannie a cédé la place à un gouvernement dont Punique objet est désormais le bonheur du peuple dont il dirige les destinées.... » Il s'agissait bien, cette fois, presque sans équivoque d'une déclaration de guerre à l'Espagne. Les Proceres avaient d'ailleurs encore précipité l'événement. Prévenu par Bolivar, l'illustre proscrit avait quitté depuis trois jours Curaçao, où il était arrivé la semaine précédente. Le 13 décembre, au moment même où la population de Caracas se trouvait informée de sa venue prochaine, les vigies de La Guayra avisaient à l'horizon le sloop de guerre de Sa Majesté Britannique, l'Avon, qui portait à son bord Miranda 2. 1. Dans BECERRA, op. cit., t. II, p. 19. 2. Rapport du brigadier général Layard à lord Liverpool. Government House Curaçao, 17 décembre 1810. R. O. W. 0. 1/106, N° 34.


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