Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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CHAPITRE IV LA PREMIÈRE RÉPUBLIQUE DU VÉNÉZUÉLA

I Les préoccupations dont les chefs de la révolution vénézuélienne se voyaient assaillis au moment du départ de la mission s'étaient singulièrement aggravées. A Coro, à Maracaïbo, les cabildos avaient solennellement reconnu la Régence, qualifié d'« infâme » la conduite de Caracas, fait arrêter et jeter dans les cachots souterrains de la forteresse de Puerto-Cabello les délégués de la Junte. Les gouverneurs Miyàres et Ceballos menaient, parmi les habitants arriérés et fanatiques de ces provinces, une contre-propagande aussi active que redoutable. Ils levaient des milices, demandaient des secours à Santa-Fé, à Cuba, à Puerto-Rico, répandaient de perfides calomnies contre les patriotes, faisaient prêcher partout la résistance, envoyant des émissaires dans les régions voisines et jusque dans la Guyane. Barcelona, qui s'était d'abord ralliée à la Junte, se proclama contre elle. Angostura suivit cet exemple. Des conspirations se nouèrent à Caracas, où le parti espagnol reprenait l'avantage. Les Proceres instituèrent un tribunal de salut public (le 22 juin 1810) mais ne parvinrent qu'à entretenir dans le peuple un esprit dangereux de trouble et d'alarme. Bien qu'épuisée par la guerre défensive et réduite au


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