Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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bre en laissant la maison de Grafton Square à la disposition de Lopez Mendez et de Bello. Ils y restaient chargés de veiller au maintien des relations du Vénézuéla avec l'Angleterre et de grouper autour d'eux les délégués que les différentes provinces d'Amérique pourraient envoyer à Londres. Mendez s'appliqua de son mieux à la tâche qui lui était dévolue. Il fut, pendant plusieurs années, l'agent actif et fidèle, sinon toujours heureux, des libéraux vénézuéliens. Bello se sépara vers 1815 de son compagnon, connut alors toutes les amertumes d'une existence d'ingrat labeur et de misères, et finit par entrer au service du gouvernement chilien dont il devint l'un des hommes d'État remarquables, en même temps que le représentant le plus justement célèbre de la littérature sud-américaine au dix-neuvième siècle. On a prétendu qu'il conserva longtemps rancune à ses compagnons de la Junte de Caracas de ne lui avoir attribué, dans la composition de l'ambassade de Londres, qu'un rang inférieur à son mérite. Aussi, dans les souvenirs qu'il a laissés, se montre-t-il notoirement partial à l'égard de Bolivar que sans doute il rendait responsable de sa déconvenue. De cruelles calomnies, relatives à sa conduite lors des événements du 19 avril, calomnies dont il sut nobleblement faire justice, furent en même temps accréditées contre Bello au Vénézuéla et motivèrent sa résolution de s'en expatrier à jamais 1. 1. Parmi toutes les gloires de Bello celle d'avoir été le premier à rendre hommage au Précurseur et à signaler sa mémoire à la reconnaissance de ses compatriotes doit aussi lui être comptée. L'Ode à Miranda est aujourd'hui à la page d'honneur des Anthologies américaines : Con reverencia ofrezco a tu ceniza Este humilde tributo ; y la sagrada Ràma a tu efigie venerable, cino, Patriota illustre, que proscrito, errante, No olvidaste el carino Del dulce hogar que vio mecer tu cuna, Y, ôra bianco de las iras de fortuna, Ora de sus favôres halagado, La Libertad américana hiciste Tu primer vôto y tu primer cuidado.

« C'est avec respect que j'offre à tes cendres ce tribut attendri, patriote illustre, et que du rameau sacré je ceins ton front vénérable.


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