Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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Cependant les Buénos-ayriens ne se jugeaient pas terrassés. José de San Martin, dont le brillant combat de San Lorenzo (3 février 1813) sur les bords du Parana avait mis en lumière les qualités de stratège et d'organisateur, prit le commandement en chef de l'armée dite du Pérou. San Martin amenait avec lui une division de 1.000 grenadiers à cheval, recrutés parmi les meilleurs cavaliers gauchos et dont la force et l'adresse merveilleusement diciplinées par le nouveau général, allaient s'illustrer plus d'une fois sur les champs de bataille futurs. En attendant, des guerrillas s'organisaient de tous côtés. Les troupes de Pezuela n'étaient en sûreté que sur le point qu'elles occupaient. La propagande, habilement entretenue par le gouvernement de Buenos-Ayres, pénétrait d'ailleurs jusque dans les districts où le vice-roi Abascal recrutait ses soldats. Les provinces de Cûzco, d'Arequipa, de Huamanga dans le Bas-Pérou se laissaient gagner à l'esprit d'émancipation. Elles restèrent pendant toute l'année 1814 un foyer révolutionnaire redoutable. Abascal, dégarni par suite des expéditions qu'il envoyait contre le Chili, dut renoncer à sauver Pezuela, obligé alors de se retirer dans une position fortifiée à Cotagaïta (mai 1814). On craignit même que Lima, toujours si fidèle, ne vînt à suivre le mouvement. A cet instant critique, le revirement dû à la restauration de Ferdinand VII, se fit sentir. L'aristocratie liménienne, comme celle de Mexico, craignant de voir ses riches propriétés livrées au pillage des nègres et des indiens, lia partie avec le vice-roi pour combattre les progrès de la cause libérale. San Martin, gravement malade, qui, d'ailleurs, désapprouvait la conduite des opérations militaires dans le Haut-Pérou et méditait de nouveaux plans de campagne, demanda à quitter l'armée. Il alla vivre quelque temps dans la retraite à Côrdoba puis, se fit nommer gouverneur de la province de Cuyo avec résidence à Mendoza. Le général Rondeau avait pris le commandement des troupes de Buenos-Ayres. Celles-ci restées relativement hors d'atteinte du contre-coup que provoquaient les nouvelles


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