Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

Page 270

572

BOLIVAR

Afin d'y réussir, le Libertador mit en œuvre tout ce que l'amour de sa patrie et le désespoir de la voir périr pouvait lui suggérer d'arguments persuasifs et de dispositions opportunes. Dès son arrivée à Garacas, le 16 juin, il réunit le cabildo, les notables, le peuple, essayant de ranimer dans les cœurs un zèle qui malheureusement résistait à toutes les instances. Un décret parut promettant la liberté aux esclaves qui s'enrôleraient sous les drapeaux de la République. Conformément aux clauses du concordat, signé le 12 février précédent, avec les représentants du clergé et par lequel ceux-ci s'étaient engagés à remettre pour les besoins de l'Etat, le trésor des églises Bolivar obtint de l'archevêque de Caracas une quantité considérable d'or, d'argent et d'objets précieux. On en fit battre monnaie. Mais les habitants ne se laissaient pas mieux persuader par l'annonce de dispenses d'impôts que par les discours patriotiques ou les objurgations du Libertador. Le découragement et la terreur se partageaient l'esprit public. Pendant ce temps, comme un fléau dévastateur, Bôves et ses llaneros avaient pénétré dans les vallées d'Aragua, massacré les détachements de Maracaï et de La Cabrera, pillé et incendié tous les villages. Dès le 19 juin, ils étaient venus mettre le siège devant Valencia. La garnison et son valeureux commandant Juan Escalona, témoignèrent d'un superbe héroïsme; exténués par 30 jours de combats et de privations, n'ayant plus une cartouche, ils étaient résolus cependant, puisque c'était la consigne, à tenir jusqu'au dernier homme. Mais Bôves leur fit savoir que s'ils refusaient de se rendre, il exterminerait, après eux, la population entière. Escalona consentit alors à capituler pourvu que Bôves s'engageât, par serment solennel, à respecter la vie des habitants de Valencia. Le serment fut prononcé durant une messe que le chapelain de l'armée royaliste célébra sous les murs de la ville. Les assiégés purent entendre Bôves jurer sur les Évan1. D., V., 963.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.