Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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Les pourparlers récents auxquels Miranda faisait de la sorte allusion, engagés le 25 juillet avec le ministre des affaires étrangères1, n'étaient pas cependant terminés encore au début de la seconde quinzaine de septembre. Bolivar, informé le 16 par le Foreign Office que le brick Sapphire, mis à sa disposition par l'Amirauté, se trouvait prêt à prendre la mer à Portsmouth, ne pouvait différer de partir. Il prit congé de Miranda qui lui promit, quoi qu'il advînt, de le rejoindre en toute hâte et quitta le 21 septembre les côtes d'Angleterre2. C'était intentionnellement que Miranda s'attardait aux démarches relatives à son départ. Comme en 1805, il ambitionnait d'intéresser directement à sa cause le gouvernement britannique. Persuadé toujours que l'indépendance resterait irréalisable sans le patronage étranger, il s'obstinait à en arracher aux Anglais la promesse, et soutenu par ses nombreux amis de Londres, l'ancien secrétaire d'Etat Vansittart, entre autres, se servant de Bichard Wellesley comme intermédiaire, il multipliait auprès du chef du Foreign Office les plus insinuantes requêtes. La situation de sa patrie, les appels de ses compatriotes ne lui laissaient point, assurait-il, d'alternative sur la possibilité de demeurer ou non plus longtemps en Angleterre. Il se devait de rentrer en Amérique. Mais il ne voulait le faire sans le plein assentiment de la nation, dont il avait reçu tant de témoignages précieux de générosité et de bienveillance, sentiments que son vœu le plus cher était de voir étendre à son pays... Il insistait également pour que sa pension lui fût continuée ; il entendait ne point cesser de rester au service anglais... « Mais, ajoutait-il, je suis prêt à renoncer, dès à présent, à toute condition pécuniaire... n'ayant en vérité d'autre souhait à formuler que celui de pouvoir contribuer à la sauvegarde 1. Lettre de Miranda à Wellesley, 25 juillet 1810. R. O. F. 0. Spain, vol. 103. 2. Journal du capitaine Davies, commandant le brick de S. M. Sapphire R. O. Captains Journal, N° 2057 et Admiralty Musters, Séries II, N° 3169. Bolivar emportait avec lui le bagage de Miranda. Deux esclaves — José et Juan Pablo — l'accompagnaient.


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