Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LA GUERRE A MORT

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tout aussitôt de prendre position sur ce terrain déjà fatal aux armes républicaines. Il n'était plus temps de reculer quand Bolivar, informé enfin du nombre des troupes qu'amenait Bôves, accourut à son tour le 14 juin pour prendre part à la bataille. L'infanterie de Marino ne découvrit d'abord devant elle que les fantassins ennemis déployés comme de coutume et que nulle cavalerie ne semblait appuyer. On se fusilla de part et d'autre avec rage. La cavalerie républicaine attaqua l'aile droite des royalistes et le bataillon d'Aragua, dévalant au môme instant d'une hauteur où il se trouvait posté, prit le pas de charge et, par un mouvement tournant, enveloppa l'aile gauche. Cette manœuvre était à peine achevée, que les llaneros dissimulés dans les bois d'alentour, tombaient en masse écrasante sur les patriotes. Deux charges de ces effrayants escadrons suffirent à Bôves pour anéantir complètement l'armée républicaine. L'artillerie, les fusils, les munitions, les bagages, tout fut pris. Bôves assura n'avoir perdu que 200 hommes tués ou blessés; les patriotes en comptèrent plus de 1.800; le secrétaire d'Etat, le meilleur ami du Libertador, Antonio Muùoz Tebar, le colonel Manuel Aldao, presque tous les officiers, étaient parmi les morts. Le colonel Jalon, que de longs mois de souffrances dans les prisons de Puerto-Cabello dont il venait à peine d'être délivré, n'avaient pas empêché de faire vaillamment son devoir à Carabôbo, fut pendu le lendemain dans la ville de Cura. Bolivar, Marino et José Félix Rivas fuyaient vers Caracas. La seconde république vénézuélienne ne devait pas survivre à cette journée désastreuse. En passant à Valencia, Bolivar prescrivit au colonel Escalona qui commandait la garnison forte tout au plus de 500 hommes, de tenir jusqu'à la dernière extrémité si, comme tout le faisait supposer, Bôves venait attaquer la place. Un messager du Libertador alla portera d'Elhuyar l'ordre d'activer les opérations du siège de Puerto-Cabello. Bolivar espérait trouver à Caracas de nouvelles ressources pour venir en aide à ses vaillants lieutenants.


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