Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LA GUERRE A MORT

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Le Libertador avait autour de lui deux mille hommes dont six cents cavaliers. Bôves, moins impatient peutêtre d'atteindre Caracas que de se mesurer enfin avec Bolivar, arrivait à la tête de troupes plus de trois fois supérieures en nombre à celles de son adversaire: deux mille fusiliers et cinq mille llaneros, aiguillonnés par l'espoir du riche butin qu'ils allaient faire dans la capitale et qui les dédommagerait de toutes leurs fatigues. Le 25 février, dans la matinée, les éclaireurs de l'armée royaliste apparurent sur les hauteurs de Câgua au-dessus de San Mateo. Le combat s'engagea presque aussitôt, par une charge effrénée des llaneros que les troupes de Bolivar repoussèrent avec succès. Bôves rallia ses hommes et renouvela trois jours après l'attaque. Cette fois encore le feu des batteries républicaines, commandées par Lino de Clémente, parvint à briser le premier élan des royalistes. Mais, admirable de ténacité et de courage, Bôves continua d'ordonner des charges. On se battit pendant une demi-journée. L'avantage final resta aux patriotes, ils eurent néanmoins à déplorer des pertes cruelles : 300 hommes et 30 officiers tués. Viilapol était parmi les morts, Campo Elias ne survécut que peu de jours à ses blessures. Les royalistes n'avaient pas été mieux partagés. Bôves, atteint de plusieurs coup de feu, eut à peine la force de gagner Cura pendant que son lieutenant Morales ralliait les débris des fusiliers espagnols et les escadrons décimés. Il y eut alors une suspension d'armes que Bolivar mit à profit pour étendre sa ligne de défense jusqu'à la ferme de l'Ingenio dans laquelle il établit son parc. La cavalerie fut cantonnée dans les plantations de canne avoisinantes et qui pouvaient fournir du fourrage en abondance. Le Libertador achevait de prendre ces dispositions lorsqu'il apprit, le 9 mars, que Roséte venait de réoccuper Ocumare avec des forces imposantes. C'était là pour Caracas un péril urgent. Malgré tous ceux qui l'entouraient lui-même, Bolivar confia trois cents de ses meilleurs soldats à Mariano Montilla et l'envoya renforcer ainsi la garnison de la capitale. Le détache-


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