Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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BOLIVAR

cendre ou de prisonniers froidement égorgés : « La guerre en Nouvelle-Espagne était réellement le Monstre Immortel du poète, plein de terreur, effroyable, cruel et indomptable. C'était une guerre de destruction comme ces guerres romaines durant lesquelles les chefs des conquérants civilisés donnaient, comme à l'époque qui nous occupe, les exemples d'une barbarie plus grande que celles des barbares eux-mêmes en violant les traités, en se rendant coupables de trahisons sanglantes et en massacrant les prisonniers1. » A Quito et dans le Haut-Pérou, cinq ans de combats et de supplices avaient accoutumé les gens du pays à envisager avec sérénité les calamités les plus atroces. Personne ne craignait de verser son sang et tous souhaitaient verser le sang de leurs adversaires2. Au Chili, la noblesse de cœur et la fermeté du grand patriote O'Higgins, devenu général en chef des troupes indépendantes, ne pouvait rien contre les excès et les vengeances rallumés dès le débarquement de l'expédition envoyée par le vice-roi de Lima (fin de 1812). Partout, c'était de la sorte, et désespérément, que l'on se battait. San Martin, lui-même, le seul parmi les généraux américains qui fût pourvu d'une éducation militaire complète et eût fait, en Europe, l'apprentissage sérieux des armes, le seul aussi qui combattit avec une armée relativement bien instruite, équipée et organisée, San Martin donnait, après une bataille3, l'ordre d'exécuter un officier espagnol prisonnier et justifiait sa conduite en ces termes auprès du gouvernement de Buenos-Ayres : « Je tiens à assurer Votre Excellence que malgré l'horreur que j'éprouve à verser le sang de mes semblables, je suis profondément convaincu qu'il est devenu d'une absolue nécessité de faire un exemple de ce genre... En nous voyant traiter avec indulgence un homme aussi criminel que l'était le colonel Landivar... nos ennemis croiraient, comme 1. GERVINUS,

VI, p. 162. Ensayo sobre la Hisloria de Bolivia, p. Hisloria de San Martin, t. I, ch. V, p. 235. 3. Celle de Santa Cruz de la Sierra, le 15 janvier 2. CORTÉS,

80,

cité par

1813.

MITRE.


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