Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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donné par le vainqueur du Mosquitéro, l'Espagnol de naissance, Campo Elias. Il avait fait successivement mettre à mort ses parents et l'un de ses oncles, son bienfaiteur, et s'écriait dans un transport furieux : « 11 faudra qu'après avoir tué tous les Espagnols, je m'égorge moi-même afin qu'il n'en survive aucun 1 ! » Le patricien Antonio Briceno, dont nous avons vu l'intervention rien moins qu'opportune durant la campagne du Vénézuéla en 1813, s'était, l'on s'en souvient, lié à Carthagène avec un certain nombre d'exaltés, dont quelques aventuriers français. Le contrat qu'il signait avec eux, à la veille de son départ pour l'intérieur de la Nouvelle-Grenade, doit être cité comme un exemple typique des sentiments devenus naturels aux républicains exaspérés : « L'objet principal de la guerre à laquelle nous allons prendre part étant de détruire au Vénézuéla la race maudite des Espagnols d'Europe sans excepter les insulaires des Canaries, tous les Espagnols sont exclus de cette expédition, quelque bons patriotes qu'ils paraissent, puisqu'aucun d'eux ne doit être laissé vivant... Pour avoir droit à une récompense ou à un grade, il suffira de présenter un certain nombre de têtes d'Espagnols d'Europe ou d'insulaires des Canaries. Le soldat qui présentera vingt têtes sera fait enseigne en activité, trente têtes vaudront le grade de lieutenant, cinquante celui de capitaine, etc 2 » 1. BARALT Y DIAZ, Resùmen, etc., op. cil., t. I, p. 180. 2. Ce curieux document a été publié pour la première fois dans les Mémoires du général Morillo. Paris, 1826 (pp. 3 à 8). Il est daté de Carthagène le 16 janvier 1813, an 3e de l'Indépendance, signé Antonio Nicolas Briceno et suivi de la mention textuelle suivante: « Nous soussignés, ayant lu les dites propositions, acceptons et signons le présent pour se conformer en tout selon ci-dessus écrit; en foi de quoi nous mettons de propre volonté et de notre main nos signatures : Antonio Rodrigo, capitaine de carabiniers; Joseph Debraine ; Luis Marquez, lieutenant de cavalerie ; Georges Delon ; B. Henriquez, lieutenant de chasseurs; Jean Silvestre Chaquea; Francisco de Paula Navas... » Il se trouve reproduit dans D., IV, 837.


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