Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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pas encore fait son apparition et, par contre, les courriers porteurs de mauvaises nouvelles, affluaient au quartier général. En apprenant la défaite de La Puerta qui livrait à Bôves la route de Caracas, Bolivar, confiant une fois encore à d'Elhuyar le soin de poursuivre les opérations du siège, dut se résigner à prendre le chemin de Valencia et vint s'y enfermer le 5 février. Il fut informé, dès son arrivée, des actes de violence et d'extermination que les bandes de Roséte commettaient dans les vallées du Tuy. Il sut que Pvivas allait quitter Caracas, laissant la capitale démunie et presque sans défenseurs : « En un moment de si grand péril — écrivait le commandant de La Guayra — que dois-je faire des prisonniers détenus à la forteresse ? La garnison est fort réduite et ces prisonniers sont très nombreux... » Arismendi faisait aussi parvenir de Caracas une note conçue dans des termes semblables. Il s'agissait des Espagnols et des Canariens arrêtés six mois auparavant lors de rentrée des troupes républicaines dans la capitale et qui remplissaient les prisons de Caracas et de La Guayra au nombre d'un millier environ. Bolivar, dans le traité, négocié à La Victoria, le 4 août 1813, avec les délégués du capitaine général intérimaire D. Miguel Fierro, avait, nous l'avons vu, spécifié que les Espagnols habitant le Vénézuéla ne seraient point inquiétés et resteraient libres d'émigrer. Les commissaires n'avaient pu faire ratifier le traité par les autorités espagnoles et Monteverde s'était formellement refusé, pour sa part, à reconnaître une capitulation conclue avec « des rebelles ». Il avait été dès lors impossible à Bolivar de mettre fin à la détention des Espagnols que des représailles, considérées comme légitimes, soumettaient au traitement même subi par les patriotes à l'époque de la prise de possession de Caracas par Monteverde. Toutefois, le Libertador ne renonçait pas à l'espoir de fléchir l'obstination de son ennemi et continuait à lui proposer la remise de ces prisonniers gardés en otage, en échange de la ratification solennelle du traité. A sept reprises différentes, cette offre fut transmise à


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