Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LIBERTADOR

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Le gouvernement impérial avait appris avec satisfaction l'arrivée au pouvoir de Miranda1 et Napoléon ne doutait pas de trouver « un allié tout désigné 2 » en ce général autrefois au service de la France. Celui-ci s'apprêtait, d'autre part, à envoyer Pedro Gual rejoindre Oréa3. Tout ainsi semblait aller à souhait pour Je Vénézuéla lorsque la chute de Miranda interrompit brusquement la négociation. Elle allait être presque aussitôt renouée. D'accord avec Bolivar, Torices, président de l'état de Carthagène, chargeait au mois d'octobre 1812 le vénézuélien Manuel Palàcio Fajardo4 de se rendre aux EtatsUnis et de pressentir le gouvernement fédéral ainsi que le ministre de l'Empereur au sujet de la recon naissance des états sud-américains. Ancien membre de la Société Patriotique, député au Congrès de Caracas, signataire de l'Acte d'Indépendance, enfin officier à l'armée de Miranda, Palâcio, intrigant, instruit et plein de zèle politique, semblait tout qualifié pour réussir. Le président Torices lui fit préparer des lettres de créance en bonne et due forme 5, que Bolivar promit de l'ai re encore ratifier par le Congrès de la Nouvelle-Grenade, ce qui du reste fut obtenu6, et vers la fin d'octobre 1812, le nouvel ambassadeur se mettait en route pour Washington, t. Rapport du duc de Bassano à l'Empereur, 18 janvier 1812, ibid., f° 26. 2. Ibid. 3. V. suprà, liv. II, ch. IV, § 5. 4. Né à Miragual (Vénézuéla) en 1784. Député au Congrès de 1811 et l'un des orateurs les plus brillants de la Société Patriotique. Au retour de sa mission aux États-Unis et en Europe, il assista au Congrès d'Angostura en 1818, fut nommé secrétaire d'État de l'intérieur et mourut à Angostura, le 8 mars 1819. , 5. Lettres de créance de D. Manuel Palâcio datées du palais du Pouvoir exécutif à Carthagène, le 5 octobre 1812, signées de Manuel Rodriguez Torices, président gouverneur de l'État de Carthagène des Indes, contresignées par José Maria Salazàr, secrétaire aux relations extérieures. Archives des Affaires Étrangères. Ibid., f° 53. 6. Gil Fortoul, qui fait allusion à l'envoi de cette ambassade, indique que Manuel Palâcio serait parti de Barinas pour Santa-Fé afin d obtenir lui-même le consentement du gouvernement grenadin à la mission dont il était chargé. Historia Constitucional de Venezuela, op. cit., t. I, p. 373.


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