Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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BOLIVAR

tale, Yaftez y prenait les dernières mesures pour le départ de l'expédition avec laquelle il comptait, le moment venu, achever, à son profit, l'écrasement des patriotes. Bôves préparait contre eux une attaque décisive. Sa nouvelle Division infernale, campée dans les alentours de Calabozo, comptait près de 4.000 hommes de différentes armes. Il avait fait ouvrir les prisons, recruté les bandits de toute espèce, les vagabonds, les esclaves, armé de son mieux cette multitude hétérogène dont les llaneros constituaient toujours l'élément le plus redoutable et le mieux organisé. Deux colonnes, aux ordres de Morales et d'un effroyable bourreau, le capitaine Roséte, partaient déjà vers l'est de la province de Caracas seconder les opérations prochaines du corps principal. Puerto-Cabello enfin tenait toujours. Les dissensions qui s'y étaient manifestées parmi les habitants, dissensions que Monteverde n'avait pas su réduire et qui s'aggravèrent après son départ, ne purent même pas être exploitées par les assiégeants. Les lieutenants de Bolivar faisaient de vains efforts pour activer les travaux d'investissement de la place : le découragement s'était emparé des troupes républicaines. Le Libertador accourait bientôt devant Puerto-Cabello (16 janvier). Mais les volontaires, péniblement maintenus dans les rangs de l'armée patriote, n'étaient plus assez nombreux pour seconder le courage désormais inutile de leurs chefs. Les malheurs qui s'étaient abattus sur la république de Miranda reparaissaient. C'était partout la misère, la terreur, le désarroi. L'agriculture, le commerce périclitaient. Les patriotes ne pouvaient s'aventurer hors des villes sans courir le risque d'être massacrés par la population des campagnes soulevée en niasse contre ses libérateurs méconnus et détestés. Les armées républicaines ne trouvaient plus un guide pour les conduire et les paysans se refusaient à leur donner la moindre indication sur les mouvements de l'ennemi. Les divisions ne pouvaient communiquer entre elles qu'en faisant accompagner les estafettes par de gros détachements


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