Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE LIBERTADOR

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Santa Maria de Ipire, de la contrée de Barquiseméto, en proie aux ravages des bandes armées de Torréllas et de l'indien Reyes Vargas. Marino, toujours enfermé dans Cumana avec une armée nombreuse dont l'entrée en action aurait pu sauver la République, se refusait à prêter l'oreille aux prières de Bolivar et celui-ci n'avait plus à compter que sur soi-même pour faire face aux périls grandissants qui, de tous côtés, allaient assaillir le Vénézuéla. Bolivar prit alors le parti de lever le siège de PuertoCabello et de retourner à Valencia, où il lui serait loisible de donner quelque repos à ses troupes, de les augmenter peut-être et de recevoir de Caracas des secours indispensables. Pourtant l'enthousiasme fléchissait, la démoralisation commençait à se faire sentir, et les soldats, hier encore si décidés, en semblaient atteints. Les Grenadins, malgré les misères que leur infligeait l'insalubrité du climat, conservaient leur bonne humeur et leur vaillance, mais on n'en pouvait dire autant des recrues vénézuéliennes, insuffisamment entraînées, harcelées aussi par les incitations décourageantes des émissaires espagnols dissimulés dans les rangs de l'armée. Les leçons de patriotisme n'avaient jamais été plus nécessaires. L'occasion allait, heureusement pour Bolivar, s'en retrouver bientôt. Il apprit, en rentrant à Valencia, le 18 septembre, que l'expédition confiée à Garcia de Sena avait dispersé et anéanti en partie, aux environs de Barquiseméto, à Cerritos Blancos, le corps d'insurgés commandé par le curé Torréllas. Cette victoire donnait à Bolivar le temps de refaire et de renforcer comme il le souhaitait ses propres troupes et de préparer la reprise des hostilités contre Monteverde. Le capitaine général avait reçu, sur ces entrefaites, les renforts si impatiemment attendus. Une expédition aux frais de laquelle avaient pourvu les négociants de Cadix, composée de la frégate la Venganza, de 40 canons, d'un brick armé et de six transports conduisant 1.200 hommes, sous les ordres du colonel José Miguel Salomon, jetait l'ancre le 16 septembre dans les eaux de


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