Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

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uni à la métropole, souhaite seulement de pouvoir adopter une ligne de conduite capable de le soustraire aux dangers qui le menacent. Indépendante comme elle l'est du conseil de régence, la colonie ne s'en considère pas moins fidèle à son roi, ni moins intéressée au succès de la lutte sainte que soutient l'Espagne ». Les députés demandent: la protection de l'Angleterre contre la France, des armes « pour assurer la défense de la colonie contre l'ennemi commun ». Ils sollicitent « la haute médiation de Sa Majesté Britannique en vue du maintien de la paix entre les habitants du Vénézuéla et leurs frères des deux hémisphères ». Ils se disent autorisés au nom de leur gouvernement à « informer celui de l'Angleterre qu'il serait opportun de faire parvenir des instructions aux autorités civiles et militaires des Antilles anglaises afin que celles-ci favorisent, de tout leur pouvoir, les vœux sus-indiqués de la Junte de Caracas et s'appliquent notamment à maintenir les relations commerciales entre les habitants du Vénézuéla et les sujets de Sa Majesté Britannique. Ces derniers devant bénéficier, en tout état de cause, du traitement de la nation la plus favorisée ». Il était difficile de tenir un plus subtil et plus adroit langage. En même temps qu'ils témoignaient, en termes mesurés, de leur propos de rester unis à la métropole et de leur attachement aux droits, notoirement illusoires, de Ferdinand VII, les Vénézuéliens signalaient expressément que la Junte ne dépendait point de la Régence, ce qui revenait à poser en principe l'autonomie absolue de la colonie. C'était bien à ce titre aussi que le Vénézuéla sollicitait une médiation, qui, par le fait de lui être consentie, investirait la Junte d'une souveraineté égale à celle du conseil de régence. Les privilèges commerciaux offerts à l'Angleterre constituaient enfin l'argument séduisant par excellence et décisif 1. Dans le « Memorandum des conférences tenues entre le marquis Wellesley et les commissaires du Véné1. Cf.

GIL FORTOUL,

op. cit., t. I, liv. II, ch. I.


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