Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE LIBERTADOR

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l'obligeaient à réduire encore ses effectifs. Les royalistes avaient rallumé la contre-révolution dans les vallées du Tuy à quelques lieues au sud-est de Caracas. José Francisco Montilla dut partir en toute hâte à la tête d'un détachement. Il dispersa tout d'abord, sans grand'peine, les bandes d'esclaves enrôlés par les Espagnols et qui se portaient à sa rencontre. Mais ce succès n'était pas définitif. D'innombrables guerrillas s'organisèrent. Montilla réclama bientôt du secours et, malgré les renforts que lui expédia Bolivar, il ne parvint pas à se rendre maître de l'insurrection. Celle-ci se perpétua d'ailleurs, s'aggrava et finit par devenir pour la capitale un danger redoutable et constant. En attendant, Bolivar, arrêté de la sorte dans sa marche sur Puerto-Cabello, apprenait, coup sur coup, de fâcheuses nouvelles. Bôves, l'ex-lieutenant de Cajigal, avait recruté dans les llanos un grand nombre de partisans. D'autre part, le curé Torréllas, dont le concours avait été, deux ans plus tôt, si précieux à Monteverde, soulevait à nouveau les villages indiens de la région de Coro, s'adjoignait le cacique Reyes Vargas et s'avançait à l'ouest avec un corps franc d'un millier d'hommes. Bolivar détacha contre ces ennemis inopinés deux divisions comptant chacune six cents soldats, sous le commandement de Tomàs Montilla, qui partit vers Calabozo et de Ramôn Garcia de Sena 1, qui prit la route de l'occident. Ces chefs avaient pour instructions de se réunir ensuite devant San Fernando de Apure où le colonel Yànez s'était entouré de forces relativement considérables. Ces dispositions prises et n'ayant plus avec lui que huit cents hommes, Bolivar résolut de commencer sans retard le siège de Puerto-Cabello. Monteverde pouvait recevoir d'un moment à l'autre des renforts, et l'attaque immédiate semblait être la seule chance de succès qui restât de ce côté aux patriotes. Le 25 août, ils 1. Né à Caracas, prit part à la campagne de Nouvelle-Grenade aux côtés de Bolivar en 1812 puis à l'affranchissement du Vénézuéla en 1813. Il se distingua ensuite dans les grands combats de Bocachica, Arado, Carabobo en 1814 et fut tué à celui de La Puerta.


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