Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE LIBERTADOR

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en état de blocus. Les vivres commençaient à manquer à Cumana, le découragement s'était emparé de la garnison. Bolivar, assurait-on, était aux portes de Caracas. Antonanzas s'estima perdu et ne songea plus qu'à se mettre personnellement en sûreté. Il fit croire à ses officiers qu'il allait demander du secours aux Antilles et s'embarqua sur l'un des bricks espagnols, espérant échapper à la surveillance de Bianchi. Cependant les officiers royalistes s'aperçurent que leur chef les abandonnait, firent enclouer les canons, noyèrent les poudres, détruisirent les armes de rechange que contenait l'arsenal et s'embarquèrent à leur tour, avec une partie de leurs hommes, sur les bâtiments disponibles. Le 2 août, à 4 heures du matin, ces navires parvinrent à prendre la mer. Mais Marino entrait dans Cumana. Ses canonniers ayant désencloué l'une des pièces de siège, ouvraient le feu sur les bâtiments espagnols, pendant que Bianchi leur donnait la chasse, les rejoignait, en enlevait cinq à l'abordage et les ramenait dans le port avec deux cents prisonniers. Le navire qui portait Antonanzas put, malgré ses avaries, gagner le large et se réfugier à Curaçao. Antonanzas n'y survécut toutefois que peu de jours aux blessures qu'il avait reçues durant le combat. Les prisonniers de Bianchi furent, pour la plupart, massacrés sur la plage même de Cumana. L'occupation de la place allait être pour Marino le prélude d'une série de succès qui le rendirent, en moins de vingt jours, maître de toute la province L'ancien capitaine général de Cuba, D. Juan Manuel de Cajigal, que la Régence avait envoyé récemment comme adjoint à Monteverde, était parti avec des renforts pour Barcelona. Il y fut vigoureusement attaqué par Piar et évacua ce dernier rempart royaliste, le 19 août. Bolivar était alors à Caracas et Cajigal se persuadait de l'inutilité de prolonger la résistance contre des forces notoirement supérieures et des populations de plus en plus gagnées à la cause révolutionnaire. La désertion avait d'autre part réduit les troupes royalistes à une poignée d'hommes démoralisés. Cajigal se re-


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