Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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BOLIVAR

de Maracaïbo, le foyer de la contre-révolution plus ardemment entretenu que jamais par l'émigration des Espagnols du Vénézuéla et de la Nouvelle-Grenade et la concentration des débris des divisions royalistes dispersées au cours de la récente campagne. C'était, à Puerto-Cabello, Monteverde, à qui des secours allaient être assurément envoyés des Antilles espagnoles, Monteverde, qu'entouraient les partisans les plus résolus de la réaction, qui s'employait, avec une activité fiévreuse, à perfectionner ses moyens de défense et se disposait même à reprendre l'offensive dès que ses forces le lui permettraient. Dans les provinces orientales enfin, une situation qui semblait encore plus redoutable. Enhardis par leur succès sur Monteverde, Piar et Bermûdez s'étaient, à la fin de juin, rapprochés de Cumana, dans l'intention de réunir leurs efforts à ceux de Marino, qui, l'on s'en souvient, assiégeait depuis un mois cette importante capitale provinciale. Le gouverneur Antonanzas s'y trouvait fortement retranché. Il disposait d'une garnison de près d'un millier d'hommes et de quarante pièces de canon ; huit bâtiments de guerre croisaient sur la côte, assurant le ravitaillement de la place et tenant en respect les quelques pirogues, médiocrement armées, que les patriotes de l'île Marguerite avaient envoyées à Marino. Tout paraissait donc s'opposer au succès des républicains, mais les choses ne tardèrent pas à changer de face. Dès la seconde quinzaine de juillet, trois goélettes et plusieurs chaloupes-canonnières, commandées par un aventurier italien, Giuseppe Bianchi, vinrent renforcer la flottille républicaine. A ce moment, les troupes de Piar et de Bermûdez, après avoir battu les détachements royalistes postés sur leur route, parvenaient elles-mêmes au quartier général de Marino. Celui-ci fut alors en mesure d'activer ces opérations. Il resserra la ligne du siège, consolida ses ouvrages et, le 31 juillet, menaça le gouverneur d'une attaque générale s'il ne rendait les forts dans les vingt-quatre heures. La flottille républicaine tenait à présent la côte presque


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