Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE LIRERTADOR

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s'était porté, la veille au soir, avec 300 hommes, au secours de son premier lieutenant, mais, informé en cours de route, du tour que prenait le combat, il rebroussa précipitamment chemin et fut s'enfermer dans Puerto-Cabello. Bolivar occupa donc Valencia sans résistance. Le 4 août il trouvait à La Victoria les envoyés de Don Miguel Fierro, gouverneur intérimaire de Caracas, qui lui proposaient une capitulation. Fierro, sur lequel Monteverde s'était déchargé de ses responsabilités, avait habilement choisi les membres de la délégation1. Les anciens bienfaiteurs de Bolivar, le marquis de Casa Léon et D. Francisco Iturbe en faisaient partie2. Bolivar les accueillit avec tendresse et ratifia sans objection les clauses du traité dont ils étaient porteurs. Moyennant la reddition de toutes les places de la province, il s'engageait à respecter les personnes et les propriétés, concédait un délai d'un mois à tous ceux qui voudraient quitter le Vénézuéla, accordait aux troupes espagnoles le droit d'évacuer leurs garnisons avec armes et bagages, laissait aux officiers leur épée3: « Vous pourrez constater, écrivait-il à D. Miguel Fierro4, que les nobles Américains savent pratiquer le pardon des injures et entendent user de la modération la plus absolue à l'égard d'adversaires qui n'ont point hésité à violer le droit des gens et à fouler aux pieds les engagements les plus sacrés. » Le gouverneur de Caracas, non plus que Monteverde, ne songeait pourtant à sanctionner cette capitulation. Les traités que les Espagnols se trouvaient obligés de solliciter des créoles ou les promesses que les circonstances les amenaient à leur offrir, continuaient à n'avoir à leurs yeux d'autre valeur que celle de moyens de guerre imposés par les événements. Pour les autorités coloniales les Américains insurgés restaient toujours des traîtres et la pensée ne pouvait venir aux re1. V. HEREDIA, op. cit., p. 155. 2. Ainsi que Felipe-Fermin Paul, Vicente Galguerra et le prêtre Marcos Rivas. 3. Capitulation de La Victoria, 4 août 1813. D., IV, 859. 4. Dépêche du 4 août 1813 à S. E. le Gouverneur de Caracas. Ibid.


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