Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

les liens unissant son pays à l'Espagne et résultant d'un traité solennel, ne permettaient au gouvernement britannique de promettre rien autre chose au Vénézuéla que l'appui de ses flottes au cas d'une attaque des Français : « Nous ne pouvons intervenir dans vos débats avec la Régence et je ne pourrais que vous engager à vous soumettre à ce conseil reconnu par nous. La loyauté constante des Vénézuéliens envers leur souverain légitime doit rester ici pour vous une maxime invariable. Et c'est à cette condition seule qu'il me sera permis de vous écouter. » Le ministre autorisa sous cette réserve les députés à lui faire parvenir, par note verbale, l'expression de leurs vœux. Il ajouta toutefois que la réception officielle qu'il leur accorderait bientôt ne pourrait avoir lieu qu'en présence des ambassadeurs d'Espagne accrédités à Londres. Les députés se retirèrent en se félicitant, somme toute, de l'entrevue. Ils éprouvaient quelque dépit à constater que l'alliance de l'Angleterre avec l'Espagne avait un caractère plus étroit qu'on ne l'imaginait à Caracas. Mais cette considération même, s'ajoutant à ce qu'ils savaient des allures despotiques et de l'habituelle nervosité du marquis Wellesley, ne donnait que plus de valeur aux circonlocutions dont le ministre avait enguirlandé ses fins de non recevoir. On les avait écoutés, c'était déjà beaucoup. Dans le rapport que Bolivar et Lopez Mendez adressaient à la Junte, les impressions qu'ils emportaient de leur audience s'exprimaient fort justement en ces termes: « Bien que l'on ait tout fait pour nous décourager... les insinuations du Vénézuéla ont été accueillies et enregistrées par lord Wellesley avec toute l'impartialité et la déférence que nous pouvions espérer » Les prévenances dont les députés se voyaient entourés par la société londonienne auraient été par 1. Bolivar et Lopez Mendez à la Junte, 2 août 1810. W. 0. 1/105. Les dépêches des commissaires vénézuéliens furent envoyées à leur gouvernement par l'intermédiaire du général Layard, lieutenantgouverneur de Curaçao.


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