Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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Monteverde avait, aussi parfaitement que possible, achevé la mise en état de défense de l'ancienne capitainerie générale. Correa, échappé, par miracle encore, à la tuerie qui suivit la défaite de La Grita, concentrait les restes de sa division dans les vallées du versant occidental de la sierra de Mérida. II couvrait ainsi Maracaïbo, où Miyâres disposait d'une forte garnison et pouvai t à loisir procéder à des levées presque inépuisables de volontaires. Le voisinage de la province royaliste de Sainte-Marthe améliorait encore sa situation. Le capitaine Canas occupait Trujillo avec 500 hommes, Côro était convenablement pourvue de troupes. A Barquisemeto, le vaillant colonel Oberto et ses 1.000 hommes de milices régulières protégeaient Valencia. Tizcar, soutenu par une colonne de 900 hommes postée aux environs de Guadualito, campait toujours à Barinas avec un corps de près de 1.500 soldats. Une autre colonne de 1.200 hommes, commandée par le capitaine Izquierdo, à San Carlos, au nord du fleuve Portuguesa, couvrait les abords de la capitale. Dans la province, enfin, de Caracas, Monteverde, ayant sous ses ordres un nombreux corps de troupes encadré par 700 soldats d'élite, était appuyé par les garnisons de Puerto-Cabello. Il était facile, dans ces conditions, de taxer de démence l'entreprise pour laquelle Bolivar ne cessait néanmoins de réclamer l'appui des gouvernements grenadins. Castillo ne s'en faisait point faute et Camilo Torres, en dépit de l'obstination qu'il apportait à plaider la cause de Bolivar, ne parvenait pas à décider les confédérés en sa faveur. Bolivar redouble d'arguments persuasifs: « Le sort de la Nouvelle-Grenade, écrit-il, est intimement lié aux destinées du Vénézuéla. Si le premier de ces deux pays ne parvient pas à s'affranchir, l'autre retombera dans la servitude. Car l'esclavage est comme la gangrène : faute de l'extirper à temps, le corps dont elle dévore un membre est vite atteint tout entier. Je ne veux pas admettre que le Congrès national représentant la souveraineté des peuples de la Nouvelle-Grenade, puisse envisager de sang-froid le déshonneur et


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