Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE LIBERTADOR

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chefs, aux relations desquels avait jusqu'alors présidé la plus complète harmonie, se brouillèrent. En sa qualité de commandant de la place et de la province, Castillo prétendait avoir la haute main sur les troupes, il n'approuvait pas les projets de Bolivar quant à l'expédition au Vénézuéla et, s'étant convaincu qu'il ne l'en pourrait pas dissuader, il mit tout en œuvre pour entraver les efforts de son compagnon d'armes. Chacune des dispositions que prenait Bolivar fut dès lors violemment critiquée par Castillo. Il l'accusa d'inexpérience, voire même de folie. Il fit parvenir au Congrès de longs rapports, peignant sous le jour le plus défavorable l'état des troupes de Carthagène, assurant que l'entreprise était insensée, le Vénézuéla inattaquable, qu'il serait criminel de sacrifier les défenseurs de la Nouvelle-Grenade « aux irréalisables ambitions d'une cervelle en délire 1 ». Le Congrès, sans trop s'émouvoir de ces attaques, nomma Bolivar commandant en chef des armées de l'Union et gouverneur militaire de Pamplona (30 mars)2. Cette décision acheva d'exaspérer la haine de Castillo, qui passait ainsi sous les ordres d'un rival dont il jura désormais la perte. Castillo avait au Congrès des amis influents. Leurs intrigues finirent par prévaloir contre les dispositions de Camilo Torres et, malgré les instances réitérées de Bolivar, les journées, les semaines s'écoulèrent sans réponse. Les nouvelles que l'on recevait cependant de Caracas et de la situation au Vénézuéla étaient aussi troublantes que désespérées. Les persécutions, les atrocités continuaient dans la capitale terrorisée par les godos. Les récits circonstanciés des mémorialistes espagnols 3, 1. V. Documents relatifs aux dissensions qui s'élevèrent entre le général Bolivar et le colonel Castillo. D., IV, 787, 790, 793, 804, etc. 2. D., IV, 788.

Revoluciones, etc. Deuxième époque. MONTENEGRO, Geografia general, t. IV, pp. 140 et ss. URQUINIONA, Relacion documentada del origen y progreso de los trastornos de las provincias de Venezuela. Madrid, 1820. DIAZ, Recuerdos, op. cit., pp. 120-130. JOSÉ DE COSTA Y GALLI, procureur de l'Audience de Caracas, Recuerdos, qui écrit : 3. V. HEREDIA,

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