Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE MANIFESTE DE CARTHAGÈNE

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« Au seul éclat de vos armes les légions espagnoles disparaîtront des champs vénézuéliens comme se dissipent les ténèbres aux rayons du soleil. « Vaillants soldats de Carthagène et de l'Union, c'est de vous que l'Amérique tout entière attend son salut et son affranchissement. Courez achever de combler votre gloire en méritant le sublime renom de Libérateurs du Vénézuéla 1 ! »

Ce lyrisme expressif et coloré, si judicieusement conçu pour frapper les sentiments et l'imagination de ses auditeurs, s'adressait en même temps aux peuples et aux gouvernants de la Nouvelle-Grenade et de l'Amérique. Il devait, en achevant de conquérir la fidélité des soldats de Bolivar, enchanter aussi, par son allure classique et ses allusions religieuses, l'esprit des créoles, nourri de ces traditions mêmes. On ne peut s'empêcher d'établir un indéniable rapprochement entre l'attitude alors de Bolivar, les arguments auxquels il a recours, sa compréhension des aspirations confuses de ses compatriotes, son désir brûlant de gagner l'opinion nationale, et la conduite de Bonaparte, général à l'armée d'Italie, « parlant aux soldats et aux peuples, mais, par-dessus les uns et les autres, à Paris et à la France entière... s'élevant au-dessus du Directoire de toute la hauteur dont celui qui ne parle qu'après avoir agi surpasse celui qui déclame sans agir2. » 1. Proclamation de Bolivar à ses soldats, le 1er mars 1813. Quartier général de San Antonio du Vénézuéla. D., IV, 770. 2. V. SOREL, L'Europe et la Révolution française, etc., t. V, ch. II, § 1.


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