Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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BOLIVAR

Cet article valut à son auteur la présidence de la république. L'éloquent et noble Narino ne devait pourtant point tarder à juger par lui-même des difficultés qu'il y avait à pourvoir utilement aux exigences de la situation. Animé du désir profond de rétablir l'ordre et la paix dans sa patrie et de l'acheminer vers une prospérité sans menaces, Narino n'était pas au pouvoir depuis un an que les circonstances l'engageaient dans une guerre fratricide. Afin de mettre Pamplona à couvert d'une attaque des royalistes redevenus alors maîtres des provinces voisines du Vénézuéla, le nouveau président confia, au commencement de 1812, deux petites expéditions de volontaires au colonel Baraya, qu'il avait tout exprès fait revenir de Popayan et au jeune capitaine Antonio Ricaurte1. Narino délégua en même temps des commissaires auprès des membres du Congrès qui siégeait derechef à Ibagué, afin de conclure alliance avec ses représentants. Mais Baraya et Ricaurte offrirent leurs services à l'assemblée, levèrent des milices pour son compte et battirent les nouvelles troupes que Narino avait du envoyer contre eux. Une trêve, conclue le 30 juillet, à Santa Rosa, entre le président et les confédérés (c'est le nom qu'avaient pris les partisans du Congrès), l'offre même de sa démission que fit alors Narino, n'apaisèrent ni les rancunes exaspérées des politiciens de SantaFé, ni celles des officiers sans scrupules qui, sous prétexte de défendre la légitimité des décisions de l'assemblée, cherchaient à satisfaire les moins avouables ambitions. Le Congrès, sur ces entrefaites, s'était transféré à Leiva. Antioquia, Casanare, Pamplona, Popayan, Tunja y avaient leurs députés. Cundinamarca, à l'instigation de Narino qui se flattait encore de mettre fin aux dissidences par un témoignage de générosité, désigna à son tour des représentants. Le 8 octobre, l'assemblée fédérale ayant ouvert à nouveau ses séances, conféra au plus distingué de ses membres, Camilo Torres dé1. V. infrà. ch. II, § 1 et ch. III, § 3.


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