Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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vaincre et les dominer. Artigas s'y entendait mieux que tout autre. II acquit sur ses gauchos et sur les nombreuses recrues qu'ils lui amenaient, de force ou de gré, le plus entier ascendant. Au commencement de 1811, il se portait avec deux mille d'entre eux, à l'attaque de Montevideo. Le gouverneur espagnol Elio était pour Artigas un adversaire détesté. Mais le chef de l'insurrection uruguayenne n'éprouvait pas de meilleurs sentiments à l'égard du général Rondeau 1, que Buenos-Ayres lui avait donné pour collaborateur. Les dissentiments qui ne tardèrent pas à éclater entre les deux chefs républicains permirent à Elio d'opposer à l'insurrection une résistance efficace. Entouré d'un fort parti d'Espagnols que les derniers événements avaient accru de nombreux émigrés royalistes venus de Buenos-Ayres, Elio, revêtu par le gouvernement de Cadix du caractère de viceroi, s'employa avec ardeur à tenir tête aux rebelles. Rondeau et Artigas furent complètement battus aux deux combats décisifs de San José et de Las Piedras. Elio vint avec les bâtiments de la flotte royale, dont il disposait, mettre le siège devant Buenos-Ayres. Il dut pourtant se retirer après un bombardement maladroit et dont le seul résultat fut de porter au paroxysme l'enthousiasme patriotique des Argentins. Le vice-roi de Montevideo, menacé à ce moment d'une nouvelle insurrection en Uruguay, fit appel aux Portugais du Brésil. Ceux-ci ne cherchaient qu'un prétexte pour se mêler activement aux troubles du Rio de la Plata, soit dans l'intention de créer une nouvelle royauté au profit de la maison de Bragance, soit du moins afin de s'approprier la colonie du Sacramento et tout le pays désigné sous le nom de Bande Orientale à l'ouest de l'Uruguay 2. Une armée portugaise de 4.000 hommes s'établit sur la frontière brésilienne en attitude menaçante. Les 1. RONDEAU (José), né à Buenos-Ayres en 1770. En 1814, il commanda en chef l'armée du Haut-Pérou et perdit la bataille de Sipesipe en 1815. Elu directeur suprême des États-Unis de la Plata en 1819-1820, il fut de 1828 à 1839, président de la République de l'Uruguay. 2. V. HUBBARD, op. cit. T. I, ch. IX.


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