Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

Page 12

314

LE PRÉCURSEUR

copie pourra être communiquée aux ministres britanni ques, témoignera des principes équitables et généreux dont s'inspire Son Altesse. » « Quatrième question : Quelle est l'opinion du Vénézuéla concernant les prétentions de la maison du Brésil1 ou de toute autre ayant quelque relation avec notre dynastie ? » « Réponse : Le Vénézuéla se ralliera au suffrage de la majorité des provinces espagnoles restées hors de l'atteinte de l'invasion française, pourvu que celles-ci aient pu se prononcer en toute liberté et conformément aux principes fondamentaux précédemment énoncés... » Les instructions prescrivaient, en outre, aux commissaires de demander au gouvernement anglais l'autorisation d'acheter des armes; ils devaient se conduire avec modération et dignité, au cas où les circonstances les mettraient en présence des ambassadeurs espagnols accrédités à Londres et les obligeraient à communiquer avec eux officiellement ou d'une façon privée. La seule instruction positive qui fût à retenir par Bolivar de ce document intentionnellement confus, verbeux et prolixe, étaitcontenue dans la phrase laconique par laquelle il se terminait : « Agir dans tous les cas au mieux de nos intérêts2. » Les chefs de la révolution vénézuélienne étaient, malgré tout, assez informés de la situation politique de la Grande-Bretagne pour se flatter d'obtenir d'elle autre chose que la neutralité bienveillante, la demicomplicité tout au plus, dont ils savaient que les inté1. Il s'agit ici de la princesse Charlotte, dont nous avons signalé les intrigues à Buenos-Ayres et qui prétendait se placer en Espagne même à la tète du gouvernement. Elle continuait à chercher à entrer en rapports avec les patriotes du Chili, du Pérou et des autres contrées sud-américaines. Elle entretint quelque temps après, une correspondance suivie avec les délégués coloniaux à Cadix. Beaucoup d'entre les Proceres, notamment à Buenos-Ayres, croyaient encore à la possibilité de l'établissement d'un gouvernement indépendant en Amérique dont Charlotte eût été le chef. 2. Instructions de Son Altesse la Suprême Junte du Vénézuéla à ses Commissaires délégués à la Cour de Londres. Caracas,2 juin 1810. Une traduction de ce document inédit et dont il n'existe, à notre connaissance, aucun autre exemplaire, se trouve aux Archives anglaises. War Office {Curaçao) 1/104.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.