Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE MANIFESTE DE CARTHAGÈNE

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Domingo, ceux du couvent des Jésuites et de l'hôpital «de la Residencia, la lourde coupole de la cathédrale, les murailles de la forteresse bordant le fleuve et le cirque crénelé de la Plaza de Toros. Les portenos, c'est, on s'en souvient, le nom sous lequel étaient désignés les créoles- à Buenos-Ayres, uniquement préoccupés de négoce et d'étude, soucieux de mériter effectivement la liberté qu'avaient proclamée leurs Proceres, témoignaient « d'une passion d'atteindre le dernier échelon de la civilisation » qui frappait d'étonnement les étrangers attirés à cette époque sur les rives de la Plata 1. Des établissements d'intérêt général s'élevaient en grand nombre. l ue bibliothèque ouvrait ses portes aux étudiants de l'université transformée. En même temps que progressait ainsi l'esprit public, les champions de l'émancipation argentine apportaient tous leurs soins à perfectionner l'armée nationale destinée à porter secours aux provinces révoltées contre l'Espagne. L'inspiration généreuse qui les avait amenés à prendre ce parti n'allait pas cependant tarder à se modifier. Buenos-Ayres, prétendant au titre de Home américaine, en possédait tout au moins l'orgueil et les dévorantes ambitions. C'est à son profit seul qu'elle favorisait en réalité la libération des provinces du viceroyaume, cherchant à leur imposer, dès le premier jour, une sujétion économique, dont l'esprit même du mouvement qui venait de s'accomplir, avait condamné le principe. Les provinces percèrent d'instinct la politique égoïste du cabildo de Buenos-Ayres avant même que les membres de ce hautain gouvernement en eussent eu pleinement conscience. En attendant que la Rome américaine donnât le jour à d'inévitables Marius, elle rencontrait dans les régions auxquelles elle envoyait ses généraux et ses armées une hostilité, entretenue d'ailleurs avec soin par les Espagnols, qui envenima la lutte et en retarda singulièrement l'issue .1. Tableau de la République Argentine de 1812 à 1819. Arch. des Aff. Étr. Rép. Argentine. Vol. L 2. Cf. BECERRA, op. cit. Introduction. §§ 19 et 20.


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