Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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BOLIVAR

cuaro, relevait l'étendard de la révolte arraché des mains d'Hidalgo, son ami d'enfance. L'ascendant considérable de Morelos avait tôt fait de réunir autour de lui un certain nombre de patriotes d'élite recrutés dans toutes les classes de la société mexicaine : les frères Bravo, riches propriétaires de Chichihualco dont l'un, Nicolas, s'immortalisa, dit à juste titre un historien, par un fait que la violence de ces guerres rend encore plus admirable1. Ayant appris que son père avait été arrêté par le général Calleja, il offrit, en échange, deux cents Espagnols qu'il venait lui-même de faire prisonniers. Calleja ne voulut rien entendre, fit exécuter le père de Nicolas Bràvo, et celui-ci lui renvoya sur l'heure les soldats captifs, « pour n'être point tenté, lui écrivitil, de succomber au désir de se venger sur eux ». Le digne et probe Galeana, l'avocat Rayon, ancien secrétaire d'Allende, le curé Matamôros, le muletier Vicente Guerrero, le mulâtre Guadalupe Victoria complétaient l'état-major de Morelos. Tous ces hommes, animés d'autant de patriotisme que d'intelligence et de bravoure, surent tirer des enseignements utiles de la défaite de leurs prédécesseurs. Ils organisèrent, dans le centre et le nord du Mexique, des guerrillas à l'instar de celles qui donnaient à la même époque si fort à faire en Espagne aux armées de Napoléon. Morelos, ayant établi son quartier général dans les provinces méridionales, s'attacha dès lors à coordonner les efforts de ses compagnons et poursuivit avec persévérance un plan fort habile qui consistait à isoler la capitale de ses ressources transatlantiques. Vers la fin de 1811, il tenait en son pouvoir la majeure partie des places depuis Acapûlco jusqu'à Chilpanzingo et, durant les six premiers mois de 1812, ses lieutenants ne livraient pas moins de cinquante-quatre combats aux Espagnols dans la seule région de la Nouvelle-Galice. Galeana s'empara de la ville minière de Tàsco, peu distante de Mexico, et le vice-roi se décidait à renvoyer dès février 1812 1. HUBBARD, Histoire contemporaine de l'Espagne, op. cit., t. p. 219.

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