Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

A l'aube, un courrier de Monteverde arrivait à franc étrier de la capitale. Il prescrivit à Casas d'interdire la sortie du port à tous les bâtiments et d'avoir à obéir à un nouveau commandant, D. Juan Antonio Cerveriz. Casas mit un tel zèle à souscrire à ces instructions que ceux d'entre les patriotes qui prétendirent s'embarquer et s'enfuir, furent mitraillés par les canons de la forteresse 1. Yanes, Gual parvinrent seuls à prendre le large avec un ex-capitaine de la Garde Impériale, au service du Vénézuéla, Pierre Labatut2, et sur une petite goélette, la Mathilde, commandée par Pancien timonier de la marine française Chataing 3. Leurs compagnons étaient tous pris au piège. Bolivar regagna la capitale sous un déguisement et dut à l'hospitalité du marquis de Casa Léon d'échapper aux poursuites. Monteverde s'était empressé, dès son entrée à Caracas, de violer cyniquement ses promesses et de faire massacrer, exécuter ou emprisonner les révolution* naires. La délation se chargea de grossir la liste des suspects. Une ère de persécutions, de tortures et de mort s'ouvrait pour le Vénézuéla. Miranda devait en être la première victime. Transporté dès le 2 août dans les cachots méphitiques de Puerto-Cabello, puis dans ceux de Puerto-Rico, il fut, deux ans plus tard, enfermé à la prison de Cadix où il mourut le 14 juillet 1816. Le premier soin du Précurseur, insensible aux afflictions qui couronnaient sa tragique existence, avait été de protester « à la face de l'univers contre la violation de la capitulation » et de rappeler « l'adversaire, qu'il avait toujours loyalement et bravement combattu » au respect de sa parole4. Il renouvela, du 1. Les bâtiments étrangers furent également menacé-; par le commandant Casas, mais ils se trouvaient hors de la portée des batteries de La Guayra et levèrent l'ancre le 31 juillet (Rapports cités du commandant Haynes). 2. V. infrà. 3. LARRAZABAL, Vida de Bolivar, op. cil., t. I, ch. VII. 4. Mémoire adressé par le général Miranda à l'Audience royale de Caracas le 8 mars 1813. Dans ROJAS, El General Miranda, op. cil., Documents : N° 704.


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