Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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ORIGINES DE LA REVOLUTION* SUD-AMERICAINE

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les jeunes gens échangeaient des propos naïvement passionnés sous l'œil vigilant des personnes d'âge qui devisaient de théologie ou de morale en buvant, à petits coups, du chocolat à la cannelle... La vaisselle d'argent que toute maison un peu bien ordonnée se devait de faire paraître à table, révélait une aisance qu'il n'était pas rare de constater jusque dans les petites villes. Les vice-rois amenaient avec eux de bons ouvriers, de fins artistes parfois, d'Espagne, de France ou d'Italie, dont les Américains s'assimilèrent vite les talents et le goût. On trouve encore aujourd'hui, dans les anciennes familles, les cabinets incrustés de nacre, d'ivoire et de mosaïques, les orfèvreries somptueuses, aux poinçons orgueilleux, marquées d'énormes armoiries, les miniatures cerclées d'écaille et d'or, où le sourire aimable, la grâce aristocratique et bien portante des ancêtres à perruque, témoignent de la bonhomie et des raffinements d'une époque charmante. L'esprit s'élevait à son tour. Au travers des brèches ouvertes dans la muraille qui, depuis si longtemps, tenait les Colonies isolées du monde, la science se frayait un chemin. Les français Bouguer1, Godin2 et La Condamine3 inauguraient, en 1734, une série de magni(Pierre), né au Croisic en 1698, mort à Paris en 1758. En il fut envoyé au Pérou avec La Condamine et Godin. De retour en France, il publia le résultat de ses observations dans un ouvrage intitulé Théorie de la figure de la Terre (1749). 2. GODIN (Louis), né à Paris en 1704, mort à Cadix en 1760. Membre de l'Académie des Sciences en 1725. Il fit partie de la mission envoyée en 1735 pour mesurer le degré du méridien, avec Bouguer et La Condamine. Les opérations de la mission terminées, le vice-roi du Pérou le contraignit de rester pour professer les mathématiques à Lima où il demeura jusqu'en 1751. De retour en France, se trouvant sans situation, il dut accepter le poste de directeur de l'École des Gardes-Marine à Cadix. 3. LA CONDAMINE Charles-Marie de), né à Paris en 1701, y mourut en 1774. Embrassa d'abord l'état militaire et assista au siège de Rôsas en 1719. Trouvant l'avancement trop lent, il se tourna vers les sciences et fut admis en 1730 par l'Académie des Sciences comme adjointchimiste. En 1731. il s'embarqua avec l'escadre de Duguay-Trouin qui visita le Levant. A son retour, il sollicita et obtint, grâce à la protection de Maurepas, de faire partie d'une mission qu'on envoyait au Pérou pour mesurer la longueur à l'Equateur d'un degré de méridien. 1. BOUGUER

1735,


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