Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

Page 64

52

ORIGINES DE LA REVOLUTION SUD-AMÉRICAINE

ces de la barbarie », ne demandait qu'à se laisser convaincre. Les réformes qu'il avait accomplies étaient un sûr garant de celles auxquelles son « despotisme éclairé » se montrait prêt à consentir. Dès 17(34, des services mensuels avaient été créés avec la plupart des ports d'outre-mer; le Conseil des Indes autorisa progressivement, au cours des années suivantes, le libre trafic des entrepôts maritimes de la métropole avec tous ceux des Colonies. On abrogea l'ancien édit royal qui défendait, sauf de rares exceptions, aux étrangers, de pénétrer dans les Indes Occidentales et de s'y établir. Les encomiendas furent annulées, les percepteurs reçurent l'ordre d'agir avec plus de ménagements. Les restrictions qui rendaient si pénibles les relations commerciales entre les diverses provinces de l'intérieur furent abolies en partie. Ce régime plus libéral marqua pour les Colonies une ère de surprenante prospérité. Le commerce de l'Espagne avec les Indes d'Occident, qui s'était élevé en 1778 au chiff re de 148 millions et demi de réaux, en atteignait, dix ans plus tard, 1.104 millions1. Tout l'ancien état des choses se trouva modifié ; ce fut la grande époque de la vie coloniale. Dégagée de ses entraves les plus pesantes, rAmérique espagnole se réveillait d'un cauchemar que ses habitants avaient pu croire éternel. L'administration du comte de Revilla Gigedo2 se faisait remarquer au Mexique par d'utiles travaux et de sages règlements. On construisait des routes, l'agriculture progressa, l'industrie des mines produisit davantage. Les provinces de la Sonora, de Cinaloa, la Californie et la Nouvelle-Navarre, où l'on venait de découvrir d'importants gisements aurifères, reçurent un gouvernement séparé. La juridiction des vice-rois de Lima, de Santa-Fé et de Buenos-Ayres fut également restreinte et la condition, autrefois languissante des districts iso1. GERVINUS, Histoire du dix-neuvième siècle. Paris, 1865, t. VI, p. 38 d'après ROSCHER, Colonien, p. 188. 2. REVILLA GIGEDO (Juan-Vicente de Gaemes Pacheco de Padilla, comte de), vice-roi du Mexique de 1789 à 1794.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.