Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LES INDES OCCIDENTALES

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combattre, le vice-roi, Florez, était parti pour Carthagène afin d'y surveiller les travaux de défense maritime contre l'Angleterre; il n'y avait plus de garnison à Santa-Fé; le cabildo, dont faisaient partie les principaux représentants de l'aristocratie coloniale, entr'autres le très influent D. José Lozano de Peralta, marquis de San Jorge, se montrait favorable aux Comuneros. La situation semblait perdue. Pinerez, qui remplissait les fonctions de vice-roi, réussit cependant à ébranler le courage de quelques-uns des membres du cabildo. Il les intimida par l'annonce de l'arrivée prochaine d'un important contingent de troupes que Florez venait d'expédier de la côte : la rébellion serait sévèrement châtiée. Le cabildo se laissa persuader d'entrer en pourparlers avec les insurgés. L'archevêque Caballero y Gôngora promit de s'employer à faire renoncer les Comuneros à venir assiéger la capitale. Les négociations furent laborieuses : les forces imposantes dont disposaient Berbeo et Galân leur permettaient de se montrer exigeants. Pinerez dut accéder, au nom du roi, à toutes les satisfactions qu'on lui imposait et autorisa l'archevêque à signer (le 8 juin 1781) les « Capitulations de Zipaquirâ ». En échange de la dispersion de la ligue, on accordait solennellement l'amnistie générale, la suppression des alcabalas, la diminution de quelques autres impôts. Le visitador s'engageait, en outre, à quitter le pays. Les insurgés, rassurés, se débanderent. Mais le viceroi, revenu quelques semaines plus tard de Carthagène. déchira le traité et donna l'ordre d'arrêter les promoteurs de la révolte. Berbeo disparut. Galân, en apprenant la violation du pacte de Zipaquirâ, avait tenté de rallumer l'insurrection; mais il tomba presque aussitôt dans une embuscade et fut exécuté à Santa-Fé avec trois de ses compagnons (décembre 1782). Le peuple alors se souleva de nouveau. L'archevêque Caballero, qui succéda bientôt à Florez dans la charge de viceroi1, parvint heureusement à ramener la paix. 1. D. Juan de Torresal Diaz Pimienta, maréchal de camp des Armées Royales, fut, en réalité, le successeur de D. Manuel Antonio Florez,


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