Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LES INDES OCCIDENTALES

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peu rémunératrice que possible et la condamnaient à dépérir. Des ordonnances, dont il faut chercher l'origine presque autant dans les intrigues des colons se jalousant entre eux que dans les néfastes tendances de la métropole à fomenter ces rivalités, allaient même jusqu'à réglementer les cultures en contradiction avec les besoins réels ou les facultés productrices des diverses colonies1. Les conditions de l'industrie étaient aussi mal comprises et prescrites. On tolérait tout au plus la fabrication de quelques étoffes grossières. Les provinces d'Espagne où les arts mécaniques étaient en honneur, n'eussent pas admis sur ce point de concurrence : tous les objets d'utilité et de luxe devaient provenir d'elles. « L'inertie et la pauvreté semblaient commandées à la terre, comme aux habitants, la soumission et l'ignorance 2. » Les transactions avec les pays étrangers étaient sévèrement défendues. Les Colonies ne pouvaient non plus commercer entre elles. La Casa de Contrataciôn de Séville surveillait le trafic avec l'Amérique. Cette autorité administrative et judiciaire, instituée dès le quinzième siècle puis incorporée au Conseil des Indes, réglait le départ des navires portant les expéditions de la Péninsule. Ils s'en allaient, deux fois l'an, escortés par les escadres, pour relâcher, les uns à VeraCruz — c'était la flotte, — les autres —■ les galions — à Porto-Belo. Le commerce espagnol avec l'ensemble du continent américain n'avait que ces deux uniques portes d'entrée et de sortie. Séville fut, à l'origine, son seul point de départ et ne partagea ce privilège avec Cadix qu'en 1720. Les plus déplorables conséquences résultèrent de ce système, aussi bien pour la métropole qui dut compter, en dépit d'une surveillance aussi malaisée que coûteuse, 1. C'est ainsi que la vigne, autorisée au Pérou, était prohibée à Quito. Au Chili, les magnifiques résultats qu'elle devait atteindre plus tard et dont on reconnaissait déjà la possibilité, ne recevaient que des encouragements mesurés et volontairement insuffisants. V. ROBERTSON, op. cit., liv. VIII. 2. ROBERTSON, Op. til., liv. VIII.


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