Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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CHAPITRE III 1810

Les échos de la défaite d'Ocana et de la prise de Gerona qui terminaient si désastreusement pour les Espagnols la campagne de 1809, retentirent dans le Nouveau Monde comme le glas de la monarchie. Les défilés de la sierra Morena s'ouvraient devant les armées françaises, maîtresses désormais de l'Andalousie. Joseph avait célébré sa rentrée triomphale dans Madrid. La Junte Centrale de Séville, réunie le '29 janvier 1810, dans l'île de Léon, décidait sa dissolution immédiate et résignait ses pouvoirs entre les mains d'un conseil de régence hypothétique. « L'Espagne est déchue ! » Espana ha caducado ! : ce fut le mot d'ordre qui allait rallier les créoles et les appeler à engager l'action 1. « La Révolution dans ces empires, aurait alors écrit Dumouriez 2, est déjà inscrite dans les livres de la Providence : elle sera française, ou anglaise, ou américaine. » Si l'on pouvait s'illusionner en Europe sur les véritables destinées du grand mouvement qui se préparait au delà des mers, ces destinées n'étaient, en fait, plus douteuses, à considérer la situation des partis en présence. Les cruelles déconvenues de la guerre d'Espagne 1. Cf. MITRE, Historia de Belgrano, t. I, ch. IX. 2. Mémoires et Correspondance inédits du Général Dumouriez, 1834, in-8° Paris, 2 vol., t. II, p. 480, apocryphes ou arrangés d'après Michaud, son contemporain (Biographie).


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